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donc, autour de la table rustique, une troupe de jeunes filles brunies par le soleil, de jeunes garçons encore animés par le travail de la journée, de vieillards souriant sous leurs rides, et d’enfans que l’association à l’allégresse commune semble grandir ; jetez sur tout cela la poésie de la gaieté, du soleil qui se couche, des bouquets s’épanouissant aux chapeaux ou aux corsages, et vous comprendrez peut-être le charme pénétrant de ces chansons populaires, dans lesquelles, selon l’expression de Mickiewicz, les nations déposent l’espoir de leurs pensées et la fleur de leurs sentimens.

Voilà la Saint-Jean passée ;
Le mois d’août est approchant
Où tous garçons des villages
S’en vont la gerbe battant.
Ho ! batteux ! battons la gerbe,
Compagnons, joyeusement !

Par un matin je me lève
Avec le soleil levant,
Et j’entre dedans une aire :
Tous les batteux sont dedans ;
Ho ! batteux ! battons la gerbe,
Compagnons, joyeusement.

V’là des bouquets qu’on apporte,
Chacun va se fleurissant.
A mon chapeau je n’attache
Que la simple fleur des champs.
Ho ! batteux ! battons la gerbe,
Compagnons, joyeusement.

Mais je vois la giroflée
Qui fleurit et rouge et blanc ;
J’en veux choisir une branche,
Pour ma mie c’est un présent.
Ho ! batteux ! battons la gerbe,
Compagnons, joyeusement.

Dans la peine, dans l’ouvrage,
Dans les divertissemens,
Je n’oubli’ jamais ma mie ;
C’est ma pensée en tous temps.
Ho ! batteux ! battons la gerbe,
Compagnons, joyeusement.

Ma mie reçoit de mes lettres
Par l’alouette des champs,
Et moi je reçois des siennes