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DE LA


SITUATION ACTUELLE.[1]





Il en est des partis politiques comme de leurs chefs et des majorités comme des ministres eux-mêmes : ni les uns ni les autres ne sauraient occuper habituellement la scène politique et garder long-temps le pouvoir sans passer par des épreuves fort diverses. L’opinion attend beaucoup de ceux à qui elle a donné sa confiance. Il ne lui suffit pas qu’ils conservent toujours au même degré les qualités qui ont attiré son attention et déterminé son choix ; elle entend qu’ils ne soient jamais pris en défaut, et qu’ils se trouvent, à point nommé, pourvus des talens mêmes qu’elle n’avait jamais songé à exiger d’eux, mais que le cours rapide des événemens aura rendus nécessaires. N’allez pas dire au public que ses préventions sont injustes ; le public est comme le maître de la parabole : il se croit en droit de demander à ses serviteurs plus qu’il ne leur a remis, il entend recueillir où il n’a pas répandu et moissonner où il n’a pas semé.

C’est le sort des ministres médiocres et des partis sans consistance de

  1. Nous l’avons déjà dit en insérant dans le numéro du 1er janvier dernier un mémoire de l’honorable député sur les Affaires d’Espagne et de Cracovie, c’est un devoir pour la Revue d’ouvrir ses pages aux hommes distingués des diverses nuances du parlement qui veulent une discussion sérieuse et développée sur les affaires. Le travail qu’on va lire sur la Situation du pouvoir et du parti conservateur devait trouver ici sa place, bien que les jugemens et les opinions de l’écrivain ne soient pas en tous points les nôtres.