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DU


BEAU DANS L'ART.




REFLEXIONS ET MENUS PROPOS D'UN PEINTRE GENEVOIS,
ouvrage-posthume de M. Töpffer[1]




On connaît les Nouvelles genevoises de M. Töpffer ; elles ont été ici même appréciées par une plume trop habile, trop ingénieuse, pour qu’il soit nécessaire d’y revenir. Le Presbytère, l’Héritage, la Bibliothèque de mon oncle et surtout la Peur sont de petits chefs-d’œuvre où Sterne, Xavier de Maistre et Bernardin de Saint-Pierre se fondent heureusement dans une originalité d’une saveur toute locale ; aujourd’hui, c’est sous un autre point de vue que nous allons envisager M. Töpffer.

L’auteur des Nouvelles Genevoises, de Rosa et Gertrude, des Voyages en Zigzag, était, comme chacun sait, maître de pension, quoiqu’il ait d’abord tenté la carrière des arts. Entraîné vers la peinture par une vocation sincère, il y renonça bien à regret, à cause de la faiblesse de ses yeux, sinon totalement, du moins comme profession formelle. Nous n’avons vu de M. Töpffer ni tableau ni « lavis à l’encre de Chine, » ce que nous regrettons beaucoup ; mais, si nous ignorons sa peinture sérieuse, nos doigts ont feuilleté et refeuilleté les albums comiques où, dans une suite de dessins au trait, il nous a déroulé les aventures de MM. Crépin,

  1. Deux volumes in-18, chez Dubochet, rue Richelieu.