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SCENES DE LA VIE MEXICAINE.




FRAY SERAPIO.




I. - LE COUVENT DE SAINT-FRANCOIS

Dans notre société actuelle, qui a si complètement rompu avec les principes et les traditions du moyen-âge, on peut difficilement se faire une idée de l’influence qu’exerce le moine au Mexique et du lien étroit qui unit encore dans ce pays le cloître au monde. Si ce lien n’existait, à vrai dire, le tableau bigarré qu’offre la population mexicaine perdrait un de ses plus grands charmes, qui est d’opposer sans cesse aux types, aux usages du XIXe siècle, les types et les usages du temps de Philippe II. A côté de ces hommes qui portent l’épée, de ces femmes vêtues comme les contemporaines de Pizarre et de Cortez, de ces Indiens aux jambes nues chaussées de sandales antiques, le froc du religieux apparaît, non pas comme une anomalie, mais comme un poétique souvenir de plus. Cette figure austère ne trouble pas l’ensemble, elle le complète. Solennelle ou familière, l’intervention du moine dans les attende la vie mexicaine est de tous les jours, presque de tous les instans. Sans parler des cérémonies religieuses multipliées qui font serpenter dans les rues de longues processions monastiques, des règles claustrales généralement indulgentes permettent aux habitans des cloîtres