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DES


AFFAIRES DE LA SUISSE.




LE SONDERBUND ET LE RADICALISME SUISSE. -
LES HOMMES ET LES PARTIS.




Les troubles, les dissensions intérieures qui, depuis plusieurs années, agitent la confédération des républiques suisses, attirent en ce moment tous les regards. Il ne se peut pas, en effet, que les puissances circonvoisines restent indifférentes à un état de choses si inquiétant. L’Europe y pense et s’en préoccupe, et c’est déjà un symptôme grave que plusieurs des représentans des grands cabinets ne se soient pas rendus à Berne, près de la diète. Si le mal est irrécusable et patent ; le remède n’est pas aussi facile à trouver et à appliquer qu’on pourrait le croire au premier abord. En Suisse, les questions ne se posent pas avec ce caractère simple, frappant, qu’on voit ailleurs. Tout y est complexe et formé d’élémens disparates. L’anarchie y répond à mille tendances confuses ; l’esprit religieux s’y mêle à tout, avec ses rancunes, ses exaltations, ses nuances opposées de rationalisme provocateur et de foi ardente. Les antiques traditions luttent contre l’effort des théories modernes ; l’autorité locale, l’indépendance cantonale, s’y redressent avec fierté contre l’impulsion unitaire. L’ordre cherche laborieusement ses conditions, et personne peut-être n’oserait dire qu’il est appelé par la force de sa situation à la vraie défense des vrais intérêts de ce pays.