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LA


COMÉDIE MODERNE


EN ESPAGNE




BRETON DE LOS HERREROS. — VENTURA DE LA VEGA. — RODRIGUEZ RUBI


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L’élément comique, tel qu’il apparaît dans l’ancien théâtre de l’Espagne, cet élément qui intervient même dans les actions les plus tragiques, mêlant aux éclats violens des passions tous les reflets de la gaieté nationale, a un caractère particulier. Si on voulait avoir le dernier mot de l’observation espagnole, ce n’est pas au théâtre qu’on pourrait espérer le trouver ; c’est dans Cervantès, dans Quevedo qu’il faudrait aller rechercher et étudier le côté réellement ironique de ce génie, dont le trait dominant est l’héroïsme. Les Visions de Quevedo ont une force satirique plus originale et plus vive que les plus bouffonnes inventions de la scène. Don Quichotte est la véritable comédie humaine telle qu’a pu la créer l’imagination castillane. Le livre de Cervantes respire cette sincère et vigoureuse raillerie d’un grand esprit qui considère notre nature sans étonnement, sait la reproduire sans effort sous ses divers aspects, la montre ballottée entre tous les excès,