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Ce fut par les conseils de cette diplomatie que le président du Texas, Anson Jones, s’efforça de donner au différend une conclusion pacifique. Il fit proposer au gouvernement mexicain les préliminaires d’un arrangement à l’amiable, dont la condition principale eût été pour le Mexique la reconnaissance du Texas, pour le Texas la promesse de ne s’annexer dans aucun temps aux États-Unis. Cette proposition, présentée par l’entremise des ministres anglais et français, eut pour résultat le message adressé au congrès mexicain par M. Cuevas, le 21 avril 1845. Autorisé par le congrès à entrer en arrangement avec le Texas, le gouvernement mexicain déclara qu’il acceptait les offres, du président Anson Jones, mais que les négociations seraient nulles et non avenues si la convention populaire du nouvel état consentait à l’annexion. C’est précisément ce qui arriva, malgré les efforts du président texien. Le congrès du Texas décida à l’unanimité l’incorporation aux États-Unis, et la convention populaire réunie le 21 juillet de la même année ratifia le décret du congrès. L’Amérique du Nord s’était augmentée d’un nouvel état. Quant au Mexique, son rôle était tracé d’avance : il ne pouvait que protester vainement contre un fait accompli.

Au moment même où l’Union arrivait ainsi à ses fins, une crise salutaire semblait devoir rendre un peu de calme à la société mexicaine. Un homme éclairé, un des héros de l’indépendance, le général Paredes, venait d’être nommé président. Il s’était fait le protecteur avoué d’un parti qui voit dans l’établissement d’une monarchie au Mexique un dernier gage d’ordre et de sécurité pour le pays. Malheureusement tout semblait conjuré contre le gouvernement de Paredes, et les intentions mêmes du général affermirent l’Union américaine, ennemie déclarée du système monarchique, dans ses projets d’agression. Désormais n’avait-elle pas un prétexte pour colorer ces projets et leur donner un faux semblant de désintéressement ? Le Mexique s’étant résigné à subir ce qu’il ne pouvait empêcher, il ne restait plus, pour vider entièrement la question du Texas, qu’à fixer les nouvelles limites territoriales des deux pays. La fixation de ces limites avait laissé un point en litige. C’est sur cette difficulté que les États-Unis se rejetèrent dans leur impatience de provoquer la guerre. Le point contesté était le territoire situé entre le Rio-Nueces et le Rio-Bravo del Norte ; le gouvernement de Washington trancha la question : il donna à une petite armée de quatre mille Texiens et Américains l’ordre de se tenir prête à occuper ce territoire dès que l’annexion du Texas serait proclamée. Un corps de troupes mexicaines prit position en même temps dans l’état de Tamaulipas, celui que l’invasion menaçait. La question échappait donc aux Négociateurs ; elle était transportée dans les camps.