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LA


GUERRE DES ETATS-UNIS


ET DU MEXIQUE.




La lutte inégale qui depuis plus d’une année se continue entre le Mexique et les États-Unis peut être envisagée sous deux faces distinctes, selon que l’attention se porte sur les conséquences et l’issue probable de la guerre, ou sur les épisodes, les tableaux étranges qu’elle déroule à nos yeux. Quand on a pu observer de près les deux nations belligérantes, quand on a vécu en quelque sorte dans leur intimité, il est difficile de ne pas tenir compte de ce double aspect des événemens : d’un côté, l’impression produite par le simple récit des faits se complète et se fortifie par les souvenirs ; de l’autre, le rôle de plus en plus considérable que les États-Unis sont appelés à jouer dans les destinées du Nouveau-Monde ouvre à l’esprit une vaste perspective. On se transporte en idée au milieu des deux armées, on les voit en présence, l’une rachetant par une énergie à toute épreuve le désavantage d’une organisation vicieuse, l’autre décimée par les discordes civiles et livrée au plus affreux dénuement, fléau du pays en temps de paix, appui insuffisant en temps de guerre. Ce contraste même, qui d’avance indique l’issue de la lutte, ramène la pensée sur les intérêts de l’Europe, plus engagés qu’on ne parait le croire dans les questions débattues entre les deux armées. Déjà l’Angleterre s’en est émue : dans la puissance envahissante