La fécondité de l’école historique est inépuisable : chaque année, chaque jour nous apporte des recherches nouvelles sur quelque grande époque du développement de l’esprit humain. Pendant que nous voyons s’achever sous nos yeux la glorieuse conquête de l’antiquité grecque, pendant que les dignes héritiers des Colebrooke et des Abel Rémusat continuent celle du monde oriental, l’histoire de la philosophie moderne excite à son tour une vive curiosité, et provoque de toutes parts de savantes investigations. Nous ne connaissions jusqu’à ce moment la philosophie allemande que par des esquisses imparfaites ; M. Willm nous en donne enfin une véritable histoire[1]. Bien que les écoles du XVIIe siècle nous soient devenues presque familières, M. Damiron a pensé avec raison qu’il y avait encore à glaner utilement dans ce champ plusieurs fois moissonné, et il a embrassé dans un tableau complet les personnages les plus illustres et les interprètes les plus humbles de la philosophie cartésienne[2]. La renaissance a aussi ses historiens : nous signalions récemment, à l’attention et à l’estime du public, les curieuses et savantes recherches de M. Bartholmess sur Giordano Bruno. D’autres travaux se préparent, qui acquitteront envers Ramus et Telesio la dette de la philosophie. Le moyen-âge enfin, tant dédaigné de nos pères, sort des ténèbres où l’avaient condamné trois siècles d’injuste oubli. Un écrivain qui porte un beau nom, et qui cherche à l’illustrer encore dans les travaux de la