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LETTRES DE LOUIX XVIII


AU


COMTE DE SAINT-PRIEST,


PRECEDEES D’UNE NOTICE PAR M. DE BARANTE.[1]




Il serait curieux de rechercher de combien de manières a déjà été écrite l’histoire de la révolution française. C’est le plus grand événement des temps modernes ; il doit prêter à des jugemens divers et même à des récits différens. Engagés dans une controverse irritante, les partis ne manquent guère de présenter les faits historiques sous le jour qui leur plaît, de les interpréter dans le sens qui leur convient. Personne n’échappe à la tentation de chercher dans le passé des exemples pour sa cause, des motifs pour ses convictions, des excuses pour ses fautes, des autorités pour ses passions ; mais ce qui paraît plus étrange, c’est que les esprits calmes et en apparence désintéressés soient loin d’être tombés d’accord d’une appréciation commune et définitive de la révolution, et que les écrivains impartiaux eux-mêmes, ou qui veulent l’être, ne la jugent pas dans tous les temps d’une manière constamment uniforme. La date de leur ouvrage détermine souvent l’esprit qui l’inspire

  1. Un vol. in-8o, chez Amyot, rue de la Paix.