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oliviers, les pins, les lentisques, les thuyas, en fournissent le peuplement ordinaire. Ces bois sont en général dégradés par l’exploitation inepte des indigènes et par ces incendies qui sont le fléau de la culture africaine ; mais des soins intelligens, venant en aide à la vertu naturelle du sol, rétabliraient en peu d’années de magnifiques exploitations.

En admettant le rendement moyen de la France, qui est à peu près de 50 francs par hectare, il serait permis d’entrevoir une époque où le domaine forestier de l’Algérie rendrait seul 40 millions. Des solliciteurs sont en instance pour obtenir des concessions de forêts ou des permis de coupe moyennant redevances. L’administration a senti qu’il est prudent de ne pas compromettre l’avenir par des engagemens précipités. En ce moment, elle met à l’essai divers modes d’exploitation, particulièrement pour le chêne-liège. Les premières études ont été concentrées dans le cercle de Bône, où la récolte du liége promet de notables bénéfices à l’industrie privée aussi bien qu’à l’état. Dans les forêts de La Calle, trois séries d’exploitations, de 2,000 hectares chacune, viennent d’être mises en coupe. Une première série est exploitée au compte de l’état par des agens forestiers aidés par des travailleurs militaires. On attend peu de ce régime, parce que la préparation du liége exige un apprentissage spécial que le zèle des soldats ne remplace pas. Une seconde série a été concédée pour seize ans, c’est-à-dire pour deux périodes de reproduction, à une compagnie qui fera à l’état remise de 10 pour 100 sur la valeur marchande des produits, et qui s’engage en outre à nettoyer le sol et à ouvrir des routes forestières. La troisième série, confiée également pour seize ans à une autre compagnie, sera exploitée sous le contrôle des agens forestiers, à la charge de partager tous les produits avec l’état après le recouvrement des déboursés. Enfin deux exploitations de huit années seulement, avec redevance fixe à prix débattu, sont livrées à l’industrie privée. Ces divers arrangemens sont répétés sur d’autres points de la province de Constantine. Les résultats acquis par expérience feront loi pour l’avenir.

Le règne minéral constitue une des principales ressources du sol algérien. On y trouve le fer presque partout, et certains gîtes fournissent des minerais dont le rendement et la qualité étonnent les hommes spéciaux. Les amas de la province de Bône, qui peuvent être comparés, assure-t-on, aux gîtes les plus célèbres de l’Europe, ont excité depuis long-temps la convoitise des spéculateurs. Près de Tentés, les travaux de recherche ont mis à découvert des filons très étendus et dont la puissance moyenne va jusqu’à un mètre. Dans les environs d’Arzew, au cap Ferrat, on signale des affleuremens de la plus belle apparence. Le cuivre, qui manque à la France, et dont nous achetons pour 20 millions à l’étranger, peut nous être fourni par nos possessions africaines. Sans parler des mines de Mouzaïa, qui commencent à donner des produits,