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le double de celle des capitalistes. Ce ne sont cependant pas les solliciteurs qui manquent : depuis le commencement de 1843, époque où les demandes se sont produites d’une façon régulière, jusqu’au 31 mars 1847, le ministère de la guerre a reçu 3,836 demandes, dont 1,776 par des Français et 2,060 par des étrangers, et le capital d’exploitation annoncé s’élève à 36,311,943 francs. A Alger, au 20 février de l’année courante, 4,500 demandes avaient été faites, avec promesse d’engager 18 millions. Dans le nombre des solliciteurs, il y a, à notre connaissance, des personnages riches et influens. Que la temporisation du gouvernement soit systématique ou irréfléchie, ce que nous ignorons, elle doit choquer l’opinion commune. Ceux qui n’ont pas étudié le problème de la colonisation sont disposés à croire qu’il suffit, pour peupler une terre, de la partager par morceaux à tous ceux qui manifestent l’intention de s’y installer : c’est une erreur qui se retrouve au fond de tous les systèmes, et que nous avons déjà eu occasion de combattre. Le développement d’une population est subordonné à la réussite’ industrielle. Chaque contrée a un régime d’exploitation qui lui convient : celui qui doit vivifier l’Algérie n’est pas encore trouvé. Les difficultés de la mise en valeur sont à l’état de problème ; la solution ne dépend pas du nombre des spéculateurs incapables ou étourdis : au contraire, en les attirant, on ne remédierait pas au présent, et on créerait un embarras pour l’avenir.

Avec les terres arables, le domaine algérien possède deux autres élémens de colonisation, parce qu’ils sont deux sources de richesses, les forêts et les mines. Le service forestier, institué récemment et d’une manière bien insuffisante encore, poursuit en ce moment des explorations d’après lesquelles on établira les règles du meilleur aménagement. Le sol algérien est beaucoup plus riche en bois qu’on ne l’avait imaginé, à en juger d’abord par son aridité apparente. Le résumé des travaux du service forestier en 1846 donne les résultats suivans :


Nombre des bois ou forêts explorés Contenances en hectares Grandes surfaces boisées non explorées Étendue approximative de ces surfaces Superficie totale du domaine forestier
Province d’Alger 17 73,749 5 267,000 340,749
- d’Oran 13 99,400 2 140,000 239,400
- de Constantine 27 195,370 4 63,000 258,370
57 368,519 11 470,000 838,519

Tous ces terrains boisés sont compris dans les limites du Tell. Ainsi, la portion habitable de notre colonie serait relativement plus riche en bois que la métropole, où l’on ne compte pas plus de 8 à 9 millions d’hectares boisés. Les forêts algériennes contiennent les essences les plus précieuses. Les cèdres, les principales variétés du chêne, les