D'HISTOIRE LITTERAIRE.
DEPUIS DIX ANS.
Le XIXe siècle va toucher à la moitié de sa course. C’est un moment décisif, solennel, une heure féconde en réflexions sérieuses. Ce siècle avait une belle tâche à remplir, il occupe dans la série des âges une position magnifique, et des dons merveilleux lui ont été accordés. Où en est cette tâche ? comment a-t-il marqué son rang ? quel emploi a-t-il fait des facultés qu’il a reçues ? Il y a toujours un intérêt grave à interroger ainsi une époque. Si son œuvre est bien commencée et qu’elle se développe avec puissance, le devoir de la critique est d’encourager les travailleurs en leur présentant le brillant tableau de ce qu’ils ont déjà réalisé. Sinon, ne faut-il pas leur montrer leur tâche incomplète, leur crier que le temps s’écoule, et rallier énergiquement toutes les forces dispersées ? Cela est surtout nécessaire dans les périodes de crise qu’agite une rénovation littéraire. Chargées d’une cause glorieuse et exposées à de fréquens périls, ces époques-là ont besoin de se surveiller sans cesse. Or, puisque cette situation est la nôtre, qu’avons-nous fait jusqu’ici et que nous reste-t-il à faire ? Des hommes qui ont inauguré le siècle par une renaissance poétique, ou du moins par des