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Dans les états du littoral compris entre la Nouvelle-Angleterre et le Potomac, c’est-à-dire dans New-York, le New-Jersey, la Pensylvanie, le Maryland, elle était du cinquième[1].

Ce progrès de la population urbaine et celui de l’industrie manufacturière, qui s’est développée parallèlement dans les états du littoral, a amené naturellement et sans secousse, aux États-Unis, le changement contre lequel l’Angleterre se débattait depuis 1815, et que sir Robert Peel a eu le bon esprit de consacrer définitivement par sa grande loi de la réforme douanière. Le littoral a reçu des grains de l’intérieur non-seulement pour commercer avec l’étranger, mais pour sa propre consommation. La farine qui de New-York est expédiée en barils au dehors n’est pas la seule qui y ait été envoyée des états de l’ouest ; une partie de la farine même qu’on mange à New-York a désormais cette origine extérieure à l’état. Il en est ainsi, à bien plus forte raison, de la farine qui fait le pain des habitans de Boston. Dès 1840, on calculait que les six états du nord-est, qu’on désigne collectivement sous le nom de la Nouvelle-Angleterre, absorbaient 2 millions d’hectolitres du froment produit dans les états de l’ouest, contre 725,000 qu’ils récoltaient eux-mêmes[2]. Le groupe des états du sud, où l’on consomme moins de froment, parce qu’il y a une nombreuse population esclave ne mangeant que du maïs, puisait à la même source une plus forte quantité de froment. Pris en bloc, les états intermédiaires entre la Nouvelle-Angleterre et le sud, New-York, la Pensylvanie, le Maryland, et avec ceux-ci la Virginie, qui, parmi les états situés au midi du Potomac, se distingue par une plus forte production de froment, avaient cessé d’être en position d’en exporter. Aujourd’hui, année moyenne, l’ensemble de ces états en tire de l’ouest pour sa consommation.

En 1836, la quantité de blé-froment et de farine que les états de l’ouest amenaient au canal Érié, afin de gagner le marché de New-York, était de 22,894,000 kilogrammes. En 1843, elle était plus que sextuplée, soit de 142,810,000 kilogrammes. C’est quatre fois l’exportation dirigée de New-York vers les pays étrangers et à peu près moitié en sus de l’exportation totale des États-Unis. Ainsi ce sont bien les jeunes états de l’ouest qui subviennent aux expéditions à l’étranger et qui sustentent en partie les états du littoral. Une autre portion de la production de l’ouest se dirige sur la Nouvelle-Orléans, qui remplit le même rôle que New-York. Elle distribue entre les autres états de la confédération les productions de l’intérieur, et elle envoie à l’étranger.

Comme la culture, dans les régions de l’ouest, empiète sans cesse sur les forêts primitives, et que de nouveaux états s’y forment continuellement

  1. Tucker, Progress of the United States, page 132.
  2. Mac-Gregor, Commercial Tariffs and Regulations, volume des États-Unis, p. 588.