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DES


FORCES ALIMENTAIRES


DES ETATS


ET DE KA CRISE ACTUELLE.




I.

La France tout entière donne en ce moment un remarquable exemple de philosophie, et nous voilà réhabilités tous, gouvernés et gouvernans, de la pétulance et de la précipitation de nos ancêtres. Nous nous trouvons en pleine disette, et non-seulement les populations restent paisibles, ce qui est déjà un beau sujet d’éloges, mais, non contentes de ne pas s’emporter, de ne pas s’émouvoir, elles gardent le silence, n’émettent aucun vœu, ne formulent aucune requête. Elles attendent dans une attitude respectueuse les immanquables effets de la sympathique sollicitude du gouvernement et du patriotisme vigilant des orateurs qui font profession d’un dévouement particulier à la cause populaire. Jamais les pouvoirs constitués de l’état et les chefs de parti, qui sont bien aussi, dans l’état, un pouvoir fort réel, ne reçurent un témoignage aussi flatteur de confiance en leur capacité, en leurs généreux sentimens, en leur amour pour la classe la plus nombreuse. Il est donc convenable d’examiner ce qui se fait pour justifier cette confiance et pour écarter le danger qui, malgré le calme dont nous jouissons, est à nos portes, car les circonstances présentes sont de celles où l’on voit les populations