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Jean Cantacuzène, qui y vécut un demi-siècle. Le couvent d’Ivirôn (IBHPΩN), situé au fond d’une anse, sur l’emplacement de l’ancienne ville d’Olophyxos, et dont la population est d’environ cinq cents moines, a été fondé par des Géorgiens ou Ibériens, comme on les appelle en Orient. Les fondateurs possédaient dans leur pays des terres fort étendues, qu’ils ont léguées à leurs successeurs, ce qui fait d’Ivirôn le plus riche couvent de l’Athos. Xilandari, situé sur un des derniers escarpemens de la montagne, qui va s’abaissant dans la direction de l’isthme, compte à peu près une population égale à celle des précédens. Les autres couvens du versant oriental sont à tous égards inférieurs à ceux que nous venons de nommer, et n’ont aucun titre à l’attention du voyageur.

Sur le versant occidental, les couvens sont tous d’une date plus récente, et sont loin par conséquent de présenter le même intérêt que ceux du versant oriental. Généralement dépourvus d’anciennes peintures, ils n’offrent presque rien à l’étude de l’archéologue et de l’artiste. Le couvent de Zographou est seul cité pour la richesse de ses ornemens. C’est de ce côté de l’Athos que se trouve le village de Daphni, près duquel était autrefois la ville de Cléonès ; c’est le seul port de la presqu’île, hérissée sur tous les autres points de rochers inaccessibles. Ce port, qui ne peut recevoir que des barques, est toutefois d’une grande utilité pour les moines : il leur sert de lieu d’embarquement pour Salonique et les autres points du continent.

Entre les deux versans, au point culminant de la montagne, s’élève la petite église de la Métamorphose ou Transfiguration. Outre des couvens, on trouve encore sur l’Athos une ville et quelques villages. Au centre de la presqu’île est situé le prôtaton ou métropole de l’Athos, Kariès. Cette ville, entièrement peuplée de moines, renferme une population d’environ mille à douze cents ames. Les villages, nommés skites, sont disséminés çà et là ; traversés par des moines dont la seule occupation est d’importer de Salonique les objets de première nécessité, ces villages n’ont, à vrai dire, pas de population fixe ; ce ne sont, à proprement parler, que des comptoirs ou lieux d’entrepôt. Répartie entre la métropole, les couvens et les villages ; la population totale de la presqu’île s’élève à environ six mille habitans. Au point de vue hiérarchique, on peut distinguer, parmi les moines de l’Athos, deux grandes classes, les frères et les pères ou papas. Cette population mêlée, ou le Slave se rencontre avec le Grec, le Valaque avec : l’Arménien, présente le singulier- phénomène de plusieurs races confondues dans une égale torpeur sous l’inflexible niveau de la règle monastique.

Tel était le pays vers lequel, en quittant la France, je me sentais surtout attiré. A une époque éloignée déjà, en présence des monumens nombreux que l’Italie, présente à l’étude de l’artiste sur toutes les