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À l’extrémité du cap étaient les promontoires Nymphée et Acrothoon. Les souvenirs historiques n’ont guère plus d’importance. Nous savons seulement que, lorsque Xercès voulut envahir la Grèce, il fit creuser un canal à travers l’isthme qui lie la presqu’île au continent, pour ouvrir un passage à sa flotte. On connaît aussi le projet extravagant du sculpteur grec Dinocrate, qui proposa à Alexandre de donner au mont Athos la forme d’une statue tenant une ville dans ses mains. -Pendant les siècles qui suivirent l’avènement du Christ et la prédication de l’Évangile, les persécutions forcèrent un grand nombre de chrétiens à se retirer dans les déserts. Si quelques-uns se présentaient résolument au martyre, d’autres, moins confians dans leurs propres forces, préféraient fuir la lutte et aller, à l’imitation des disciples de saint Jean, pratiquer loin du monde la vie austère des cénobites. C’est ainsi que des milliers de chrétiens peuplèrent les solitudes de l’Égypte, de la Thébaïde et de la Syrie. C’est probablement à la même époque qu’un certain nombre de ces proscrits du monde païen dut chercher un refuge sur le mont Athos, dont la forme péninsulaire et les pentes abruptes leur offraient un asile assuré. Plus tard, Constantin ayant donné la paix à l’église et transporté le siège de l’empire à Byzance, le voisinage de cette ville dut avoir quelque influence sur la population du mont Athos. Le nombre des solitaires augmenta, et leurs ressources s’accrurent. Malheureusement il n’existe pas de documens sur ces époques éloignées, et l’on se trouve, pour la plupart des couvens, réduit à des conjectures. L’étude attentive de l’état présent de ces monastères est encore ce qui peut le mieux, en l’absence de données plus certaines, suppléer au silence de l’histoire.

Les couvens du mont Athos, appelé aussi Agion-Oros ou montagne sainte, sont aujourd’hui au nombre de vingt-trois, disposés tout autour de la montagne et à peu de distance de la mer. On en compte onze sur le versant oriental. Parmi ces monastères, les plus anciens de l’Athos, on remarque en première ligne Aghia-Labra ou le saint monastère, Vatopedi, Ivirôn et Xilandari. Aghia-Labra est situé sur le sommet du cap de Monte-Santo, appelé par les anciens Acrothoon. Ce couvent, qui aujourd’hui contient quatre cents moines environ, a été fondé par saint Athanase vers le commencement du IVe siècle ; il doit à cette origine reculée une considération toute particulière, comme l’indique du reste sa dénomination. Tandis que les autres couvens sont seulement placés sous l’invocation spéciale d’un saint ou portent le nom de leur fondateur, il est en effet nommé par excellence le saint monastère. Le couvent de Vatopedi, aussi important par son étendue et sa population que celui d’Aghia-Labra, et qui l’égale presque en ancienneté, est situé au bord de la mer, sur les ruines mêmes de la ville antique de Diuna. C’est au couvent de Vatopedi que, las du pouvoir, vint se retirer l’empereur