la turbulente milice du Portugal, répondit aux menaces d’Espartero en improvisant une armée respectable, et fut deux fois ministre. Enfin, vers le sud, un corps considérable de partisans se réunissait sous le commandement de Das Antas, fidalgo aux manières brillantes, dont les chartistes affectent de condamner le faste et la hauteur, mais qu’ils semblent redouter comme un esprit aventureux et ardent. Une partie de l’armée avait embrassé la cause des rebelles ; or, l’armée, à cette époque, atteignait à peine le chiffre de dix mille hommes. On pouvait donc calculer qu’il restait à la reine sept mille soldats au plus, disséminés dans des garnisons trop éloignées de la capitale pour qu’on pût les faire marcher avec ensemble.
La situation en elle-même n’offrait rien de nouveau. En 1837, Sà da Bandeira et Bomfim avaient eu mission de réduire les maréchaux de Terceira et Saldanha, qui tentaient de restaurer la charte primitive. Cette fois seulement, les rôles étaient changés ; on opposait les maréchaux aux chefs septembristes, aux hommes éminens et populaires qui prenaient en main la cause de l’opinion publique, hautement manifestée. L’offensive appartenait à la cour, qui ne craignit pas de se mettre en campagne avec des forces insuffisantes et de faire parader sur les places de la capitale la petite division qu’elle confiait, avec toutes ses espérances, au vieux maréchal Saldanha. Rien ne fut oublié de ce qui pouvait réchauffer le zèle d’une population dont l’indifférence est proverbiale. Le roi prit définitivement le titre de généralissime que lui refusait la chambre ; on le vit parcourir les rues à cheval, escorté de ses deux fils, qu’il avait créés du même coup colonels des grenadiers de la reine et du régiment de marine. Quand ces deux chefs, âgés l’un de neuf ans, l’autre de cinq, eurent été reconnus dans l’arsenal par leurs troupes respectives, une grande revue se prépara.
Chaque régiment portugais compte un effectif de trois cents combattans environ ; les officiers portent le costume anglais, et les soldats ont bonne mine sous les armes, bien qu’ils ne présentent ni la rigoureuse uniformité de l’infanterie prussienne et russe, ni même l’ensemble régulier des bataillons français et espagnols. Ce sont, pour la plupart ; des hommes qui ont passé la première jeunesse, de vieux militaires au visage barbu, à la figure basanée, dont on complète les rangs au moyen de recrues imberbes, La discipline n’a pas toujours régné parmi ces bandes, qui ont pris parti tantôt pour, tantôt contre le gouvernement établi ; elles sont mobiles, faciles à gagner, et, au demeurant, braves, habituées aux longues marches et aux privations. La cavalerie, qui a à son service des chevaux fins, au pied sûr, convient parfaitement à la guerre de montagnes ; les lanciers andalous ne pousseraient pas plus hardiment que les chasseurs portugais leurs genets ardens sur une pente escarpée. Des mules traînent les pièces de campagne, toutes de petit