Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 18.djvu/612

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fasse réparer le mal qu’elles ont fait. Un grand exemple des résultats de semblables travaux est déjà donné sur l’ancien étang de Faubregas ; on peut de même, sur le sol des Pesquiers et des marécages voisins, élever au-dessus des eaux des terres fertiles et saines et livrer successivement à la culture près d’un millier d’hectares. Cette opération d’agriculture et d’assainissement ne serait ni difficile, ni dispendieuse, et, ne fût-ce que pour délivrer Hyères du voisinage des fièvres, il faudrait l’exécuter.

Le premier appel à faire aux cultivateurs, dont les bras assainiront ces terres, serait l’ouverture, entre Hyères et la place qu’Henri IV assignait à sa ville de Giens, de 11 kilomètres de bonne route. Dès que la circulation sera facile sur cette ligne, le travail de l’homme rétrécira, dans l’espace et dans la durée, le domaine de l’insalubrité, et chaque hectare que perdra celui-ci sur le sol réduira le nombre des jours de l’année sur lesquels il s’étend. La route desservira d’ailleurs les trois rades de Giens, de la Badine et du Pradeau, qu’il importe de mettre en communication avec l’intérieur, et elle déterminera l’organisation d’un passage régulier entre l’île de Porquerolles et la côte.

L’agriculture et l’industrie n’ont pas attendu cet encouragement nécessaire pour prendre possession de cette île. Un beau village s’y bâtit sur l’esplanade qui descend du fort au mouillage ; une centaine d’hectares sont labourés ; on plante des vignes ; une grande fabrique de soude s’exploite à la pointe occidentale de l’île ; elle alimente un mouvement maritime très remarquable, et l’anse qui lui sert de port est animée par les petits caboteurs qui transportent la houille, le soufre, les autres approvisionnemens et les produits de la manufacture.

Les établissemens de cette nature ont pris depuis trente ans une grande extension dans le midi : ils suivent les développemens des nombreuses industries auxquelles ils fournissent des matières premières, et, pour mettre la production au niveau de besoins toujours croissans, de nouvelles créations sont nécessaires. La fabrication de la soude est, par ses exhalaisons, incommode aux habitans, nuisible à la végétation de son voisinage, et, à l’intérieur des lignes de douanes, elle est assujettie à une surveillance aussi gênante pour l’industrie qu’onéreuse pour le trésor. Elle s’exerce à Porquerolles en pleine liberté, et les vents en dispersent les exhalaisons sur l’étendue de la mer ; elle serait encore mieux placée sur l’île de Port-Cros, moins propre à la culture et infiniment mieux pourvue d’eau. Sur une étendue de 550 hectares, celle-ci offre deux ports naturels excellens, le Port-Cros et le Port-Man, tous deux tournés vers l’intérieur de la rade. A quelques encâblures du premier, et séparée seulement par l’excellent mouillage sur lequel il s’ouvre, l’île de Bagau, tout-à-fait inculte, offre aux entreprises du même genre un espace libre de 45 hectares. En 1742, les Anglais, bons