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du Danube, c’est-à-dire, pour être plus précis, dans les montagnes du Hartz, en Hanovre, dans celles de l’Erzgebirge, que se partagent la Saxe, la Bohême, la Prusse, dans la Hongrie et la Transylvanie, ces deux derniers pays, répétons-le, ayant à peu près le monopole de l’or. Hors de l’Allemagne et de la vallée du Danube, il ne se produisait pas, en 1835, plus de 10,000 kilogrammes d’argent d’une valeur d’environ 2 millions, et de 20 ou 25 kilogrammes d’or. L’industrie, qui, depuis 1835, a pris en Europe un beaucoup plus grand essor, s’est attachée aux métaux précieux plus que par le passé. En ce moment, il s’en faut de peu que la production de l’argent ne soit du double de ce qu’elle était en 1835. La principale cause du développement qu’elle a reçu tient à ce que l’Espagne, dont le territoire recelait en ce genre de grandes richesses fort célèbres autrefois, s’est remise à les exploiter.

Les mines d’or, et plus encore celles d’argent de l’Espagne, ont eu une grande renommée. Strabon, dont chaque jour on apprécie mieux l’exactitude, en constate la fécondité. Bien avant lui, le prophète Ézéchiel l’avait signalée dans ses menaçantes prophéties contre Tyr. On travaillait avec succès les gisemens d’argent de la Péninsule sous les Maures comme sous les Romains ; on les a repris depuis que le pays a eu plus de liberté, en même temps qu’on s’est mis à exploiter avec vigueur les nombreuses couches de houille que la nature a placées dans les Asturies tint près de la mer avec des mines de fer inépuisables.

Ce sont des mines de plomb argentifères situées dans les royaumes de Murcie et de Grenade, à peu de distance de la Méditerranée, qui ont donné autrefois et qui rendent présentement nue grande quantité d’argent. Le plomb n’y est cependant pas toujours associé à l’argent. Les mines de la sierra de Gador, situées derrière Almeria, qui ont donné jusqu’à 39 millions de kilogrammes de plomb, et qui en rendent encore 13 à 14, ne fournissent pas d’argent ; mais les mines qui sont derrière Carthagène, particulièrement à Almazarron, et plus encore celles qu’on exploite dans un petit vallon nommé le Baranco Jaroso, dans la sierra Almagrera, petit chaînon du royaume de Grenade, ont une teneur en argent assez remarquable. Elle est de 1 pour 100 par rapport au plomb. Visitées successivement par plusieurs ingénieurs français fort éclairés, tels que MM. Le Play, Paillette, Sauvage, les mines du midi de l’Espagne, ont été, en 1845, l’objet d’une exploration nouvelle, par M. Pernolet, directeur des mines de Poullaouen en Bretagne. D’après cet observateur[1], les seules mines de la sierra Almagrera rendent actuellement au moins 40,000 kilogrammes d’argent, et par conséquent on ne saurait évaluer à moins de 50,000 kilogr. l’extraction de la Péninsule entière.

  1. Annales des mines, 4e série, tome X, page 257.