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LES


BOURBONS D'ESPAGNE


EN 1807 ET EN 1808.




LA COUR DE MADRID EN 1807 ET EN 1808.




L’héritier du trône, Ferdinand, n’avait pu voir sans une jalousie profonde s’élever du sein des désordres de sa mère la fortune du favori. Sa haine contre Godoy datait de loin. Dès ses plus jeunes ans, elle avait été nourrie, fomentée dans son cœur par l’abbé Escoïquitz, son précepteur. Les ennemis de ce dernier l’ont accusé d’avoir voulu faire du prince des Asturies l’instrument de sa grandeur personnelle et travaillé à la ruine du favori dans l’espoir de lui succéder. Godoy se vengea en retirant à l’abbé la direction du prince et en l’envoyant à Tolède, où il lui fit donner un canonicat : c’était un exil déguisé ; mais le nouveau chanoine ne se laissa point décourager. Du fond de sa retraite, il continua d’entretenir une correspondance mystérieuse et très active avec son élève, lui recommandant de se tenir en garde contre tout ce qui l’entourait, d’apporter dans sa conduite une extrême circonspection, et de ne prendre aucune résolution sans le consulter.