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déjà depuis assez long-temps quelques mines d’argent et d’autres métaux ; dès le XVIIe siècle, un Grec industrieux avait apporté au czar quelques lingots d’argent qu’il en avait retirés. L’exploitation de l’or y est bien plus récente et remonte seulement à 1830. On distingue dans l’Altaï deux circonscriptions minéralogiques : la région des monts Alataou, qui est fort spacieuse et d’où l’on retire beaucoup d’or ; l’autre bien plus loin à l’est, aux confins extrêmes de la Sibérie, est celle de Nertschinsk, où sont d’autres sables aurifères, en ce moment très productifs. La contrée offre aussi des mines de plomb argentifère, d’étain, de fer, on y rencontre enfin des pierres précieuses ; mais c’est malheureusement un climat très rigoureux, car la température moyenne y est de 3 degrés centigrades au-dessous de zéro.

Les régions de l’Altaï qu’a parcourues, en 1829, M. de Humboldt à la tête d’une expédition organisée par les soins de l’empereur de Russie, et dont un intrépide et savant voyageur, M. de Tchihatcheff, après une exploration pénible, a fait connaître les parties les plus sauvages par une publication qu’a justement remarquée le monde, scientifique, offrent aux arts métallurgiques un champ infini. Pour nous borner à ce qui regarde les métaux précieux, l’or y est en gisemens plus vastes que dans l’Oural. C’est d’ailleurs la même richesse à peu près, ou, pour mieux dire, la même rareté de l’or au milieu des sables. Lorsqu’il s’agit de l’or, on compte en Sibérie comme partout, dans l’Altaï comme dans les montagnes plus voisines de la Chine, par fractions de cent millième. Il faut cependant que l’or justifie les frais que cette rareté occasionne, puisqu’on continue de l’exploiter. Les couches d’alluvion aurifère de l’Altaï, de même que celles de l’Oural et des autres contrées qui produisent de l’or, sont maintes fois recouvertes par une certaine épaisseur d’autres sables qui sont stériles, et qu’il est le plus souvent nécessaire de déblayer, ce qui enchérit l’extraction. Même dans ces conditions coûteuses cependant, les gisemens sont attaqués avec succès par les moyens mécaniques que fournit la science européenne. L’extraction de l’or a donné, dans certains cas, des bénéfices énormes, comme il est arrivé pour les mines d’argent au Mexique. Le vulgaire, ébloui par les fortunes brillantes. qu’il a vues sortir tout à coup de l’exploitation des sables aurifères, sans se donner la peine de compter les chercheurs de trésors qui s’étaient ruinés, s’est pris de passion pour cette industrie, et c’est ainsi qu’elle a acquis de grands développemens dans l’Altaï plus encore que dans l’Oural, malgré l’âpreté du climat, la rareté de la population, et la difficulté de se procurer des subsistances dans ces déserts lointains, plus inhospitaliers encore que ceux où la nature a placé les mines du Potosi.

Ce fut d’abord dans l’Oural, avons-nous dit, que l’exploitation de l’or de la Russie commença. La couronne se partagea la tâche et le profit