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aucune quantité d’or et d’argent. Elles en recevaient de notre Occident un courant continuel, qui y était absorbé comme dans un gouffre. Ainsi, il y a quarante ou cinquante ans, on pouvait évaluer approximativement les métaux précieux qui étaient livrés au commerce général du monde, en nombres ronds, à 900,000 kilogrammes d’argent et 25,000 kilogrammes d’or représentant, d’après le tarif de la monnaie française, 200 millions pour le premier métal, 86 pour le second : total 286 millions de francs ; cette masse se répartissait comme il suit entre les différens pays producteurs :


argent en kilog. or en kilog.
Amérique 795,581 14,118
Europe 52,670 1,300
Turquie d’Asie 11,245 »
Asie boréale 21,709 672
Archipel de la Sonde « 4,700
Afrique « 4,000
TOTAUX 881,205 24,790

Ainsi l’Amérique entrait dans la masse de métaux qui était jetée sur le marché général pour un contingent des 91 centièmes de l’argent, et de 57 pour 100 de l’or[1]. On voit aussi qu’il y avait une production de 1 kilogramme d’or contre 36 kilog. d’argent, ou de 1 franc en or contre 2 fr. 33 cent. en argent.

Mais actuellement les rapports qui existaient au commencement du siècle sont complètement changés. C’est par la Russie principalement que ce changement s’est opéré, quoique la baisse de la production de l’argent en Amérique soit très sensible.


IV. – MINES D'OR DE LA RUSSIE.

Les mines d’or de la Russie orientale et de la Sibérie, exploitées depuis un petit nombre d’années, produisent des quantités de métal toujours croissantes. Les résultats qu’elles donnent sont faciles à connaître le gouvernement russe fournit à l’Europe les renseignemens les plus détaillés sur tout ce qui concerne ces vastes exploitations, au moyen d’une publication faite périodiquement à Paris même, par les soins d’un de ses agens officiels, sous le titre de l’Annuaire du Journal des Mines de Russie.

Actuellement ces gîtes d’or d’alluvion sont sinon exploités, du moins reconnus sur un espace immense. Depuis le Kamtchatka et les monts Oudskoï, dont le pied est baigné par l’Océan Pacifique, jusqu’au méridien

  1. Je ne présente qu’avec réserve, je le répète, les évaluations relatives à ce dernier métal, parce qu’elles sont beaucoup plus hypothétiques que celles qui concernent l’argent, surtout pour les pays en dehors de l’Amérique et de l’Europe.