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du vœu général. Il est fort douteux que, parmi les maisons régnantes de l’Europe, on en trouvât une qui, même sur l’appel des populations, consentît à risquer un de ses membres dans la difficile entreprise de restaurer la puissance mexicaine, et qui pût lui donner, le cas échéant, l’assistance dont le nouveau trône aurait besoin pour traverser de laborieuses épreuves. Ensuite les États-Unis feraient semblant de regarder les institutions monarchiques comme une souillure pour le sol du nouveau continent ; ils verraient de mauvais œil cette tentative d’élever un trône à leurs portes. De leur part, il faudrait être prêt à plus que du mauvais vouloir, à des hostilités en règle.

En fait, comme puissance militaire, les États-Unis, avec leurs institutions politiques actuelles, seraient des adversaires peu dangereux. On peut croire que l’Angleterre serait bien aise de voir un gouvernement régulier s’établir au Mexique sous les couleurs de la monarchie, afin de barrer le chemin aux empiètemens de l’Union. La France, au lieu de concevoir de l’humeur de la réorganisation du Mexique sous les auspices de la monarchie, devrait y applaudir, parce qu’il doit lui convenir que des peuples catholiques, dont elle est le coryphée naturel, ne soient pas effacés de la liste des vivans, et au contraire se remettent à prospérer. Le choix à faire d’un monarque pour l’asseoir sur un trône destiné à un bel avenir devrait concilier à cette combinaison d’autres suffrages, car pour un cadet de famille ce serait un magnifique établissement. Lors donc qu’on fait le dénombrement des forces qui peuvent militer en faveur de la restauration monarchique du Mexique, on les trouve infiniment supérieures à celles qui y sont opposées, et pourtant cette œuvre, d’où dépend la résurrection d’un peuple, me semble avoir toutes les chances contre elle : c’est que le parti monarchique au Mexique est sans nerf ; il permet qu’une poignée d’hommes à peine médiocres et dépourvus de tout prestige frappe d’intimidation tout le pays ; et l’Europe, qui seule pourrait animer l’entreprise, est désunie, en proie à des rivalités puériles, à des haines sans motifs. Abandonné à lui-même, le Mexique n’a devant lui qu’une anarchie profonde, d’où il ne sortira que pour accepter, avec reconnaissance peut-être, le joug des Anglo-Américains.

On est ainsi ramené comme par un arrêt de l’inflexible destin à considérer la prochaine absorption du Mexique par les États-Unis comme la solution probable de la crise dont la ci-devant Nouvelle-Espagne est travaillée. Sans disserter ici sur les conséquences générales de cette absorption de la nationalité mexicaine par l’Union, ne nous occupons que de, l’influence qu’exercerait bientôt cette conquête sur l’exploitation des mines d’argent ; cette influence serait grande et se ferait promptement sentir. Les Anglo-Américains déploieraient au Mexique leur puissance de domination sur le monde matériel. Personne aussi bien