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de l’entêtement, de l’affection et des instincts colériques ; la prédominance des systèmes nerveux et musculaire entraînera chez lui le besoin de mouvement, d’activité, d’agitation. Un des écarts les plus singuliers du système nerveux chez les idiots est un balancement du corps qui va d’avant en arrière ou de droite à gauche. Je me suis souvent arrêté à regarder, dans les dortoirs de nos hospices, les enfans qui exécutaient, sans s’inquiéter de ma présence, ce mouvement mécanique. J’avais vu autrefois l’orang-outang de la ménagerie se livrer au même exercice. Niebuhr a observé que, dans tout l’Orient, les enfans se balancent continuellement au milieu de leurs salles d’étude ; il paraît que les Juifs agitent de même leur tête en chantant dans les synagogues. Ce ne sont pas seulement les gestes, ce sont les accens mêmes de l’idiot qui rappellent les familles arriérées de l’espèce humaine. L’idiot qui ne parle pas laisse échapper par momens des sons gutturaux et uniformes qui ont quelques rapports avec les articulations de certaines langues éthiopiques. Ces rapprochemens suffisent à démontrer qu’il existe une relation entre les faits qui déterminent, dans la nature, l’imbécillité de naissance et ceux qui établissent des infériorités de développement dans les différens groupes de l’espèce humaine.

L’imbécillité étant considérée, dans la race blanche ou caucasique, comme un affaiblissement de la civilisation, on se demande ce que ce premier degré de l’idiotie doit être chez les races dégradées. Les voyageurs nous ont transmis peu de faits remarquables sur l’état des êtres disgraciés chez les peuples sauvages ou barbares. De tels idiots doivent en effet peu trancher sur le reste de la population. Les exceptions en plus ou en moins augmentent chez l’homme avec le progrès des races. L’idiotie est une infirmité propre au roi de la création : elle ne se retrouve pas chez les animaux. Par la même raison, plus le niveau de la société s’abaisse avec les dégradations de la race, moins doivent être apparentes, dans l’espèce humaine, les inégalités particulières de l’intelligence. Quelques observations, recueillies par un savant distingué, nous portent à croire que la nature maintient néanmoins, dans les rares faits d’imbécillité chez les races inférieures, la curieuse loi de persistance des types qu’elle développe en grand dans la série animale. Des cas d’anomalie ou de monstruosité n’élèvent jamais un être au-dessus de son espèce ou de sa race, elles le font constamment descendre d’un degré vers les espèces ou les races inférieures. Si donc l’imbécillité existe chez quelques hommes sauvages, elle doit se rapprocher, par les formes, du second degré de l’idiotie, de celui que nous allons précisément décrire.

Nous avons vu les caractères des races inférieures reparaître chez l’imbécile ; c’est encore trop : nous allons rencontrer chez le véritable