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trois à trois et demi. » Ces derniers résultats représenteraient sept à huit cents kilogrammes par hectare. Le coton d’Égypte a un cours facile au prix moyen de 1 franc 50 cent. le kilogramme. Écartons tous ces chiffres ; ils sont tellement éblouissans, qu’ils pourraient troubler notre vue. Contentons-nous d’espérer que le rendement moyen, dépassant un peu le résultat des premiers tâtonnemens, s’établira entre 250 à 300 kilogrammes par hectare. Cependant la vente de la matière textile n’est pas le seul produit d’une cotonnière ; on aurait encore, par chaque hectare, 600 kilogrammes de grailles, des feuilles, des tiges, qui, converties en nourriture pour le bétail, en huile comparable à celle du colza, en tourteaux pour engrais, en litières, en combustible, représenteraient une valeur d’au moins 50 francs ; il resterait enfin une superficie d’environ 30 ares, fournissant des légumes ou des fourrages. Eh bien ! malgré tant de ressources, nous n’avons attribué au produit brut de l’hectare qu’une valeur totale de 300 francs ; qu’on juge par ce seul fait de la prudence de nos évaluations.

Il nous a fallu analyser les diverses opérations économiques ou rurales pour évaluer le nombre des journées de travail et le chiffre total des salaires. D’après des calculs qui seront justifiés ailleurs, l’entreprise exigerait environ 160 à 180 familles agricoles, et une vingtaine de familles vouées aux industries ordinairement alliées aux travaux des champs. Avec le personnel de la direction, la population flottante de militaires, de petits marchands, d’auxiliaires européens ou indigènes employés à la journée, on aurait un groupe d’environ 1,200 personnes. Les hommes fourniraient 60,000 journées de travail[1] ; les femmes, vouées en partie aux soins du ménage, 40,000 journées ; les enfans, peu nombreux dans les premiers temps, 80,000 : total 180,000 journées effectives à divers prix, produisant une valeur de 250,000 fr. à répartir en salaires entre les familles attachées à l’établissement. On a laissé en dehors de ce compte les auxiliaires indigènes, et certains ouvriers spéciaux engagés à prix débattu.

Il nous reste à réunir ces données diverses, pour établir le budget approximatif de l’opération en dépenses et recettes :


DÉPENSES COURANTES.


francs
Intérêt et amortissement du capital à 5 pour 100 75,000
Administration métropolitaine et locale 40,000
Salaires (180,000 journées à divers prix) 250,000
Journées supplémentaires, auxiliaires indigènes 15,000
Entretien et accroissement du matériel 10,000
Besoins et dépenses imprévues 10,000
Total 400,000 fr.
  1. En comprenant environ 4,000 journées de service militaire, sacrifice annuel de 10,000 fr. à la charge de la compagnie, sans préjudice des autres impôts en argent.