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sans expérience agronomique ne feront pas venir une gerbe de plus. Le règne des coureurs d’aventures est passé ; l’agiotage est tombé dans cette langueur qui suit la fièvre. Ce qu’il faut aux propriétaires déjà établis en Algérie, c’est une colonisation sérieuse et puissante. Le premier effet d’un mouvement commercial, comme celui que nous entrevoyons, serait de doubler la valeur des terres. Un entrepreneur isolé, s’il opérait avec un capital suffisant et sur les bases qui viennent d’être indiquées, aurait les mêmes chances de succès que la plus puissante compagnie. Une autre ressource offerte aux colons déjà établis serait de se défaire avantageusement de leurs terres en les vendant à une société, ou d’entrer eux-mêmes dans une grande association, s’ils en adoptaient les statuts. Dans cette dernière hypothèse, leurs terres, bâtimens, bestiaux, matériel, seraient évalués loyalement, et chacun deviendrait actionnaire dans la proportion de son apport. Tout donne à croire que les plus clairvoyans prendraient ce parti. Ceux qui sont jaloux de ce qu’on appelle l’indépendance du propriétaire continueraient à végéter, en tâchant de produire des vivres pour l’approvisionnement des marchés voisins.

Il y a des préjugés que nous connaissons contre le régime des sociétés par actions appliqué au travail des champs, et, en effet, l’épreuve qu’on en a déjà faite en Algérie n’a pas été heureuse. Pendant les premières