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Rome je me suis promené, auprès du Colisée, sous des arbres plantés aussi par mes compatriotes. Là comme ici, comme à Venise, les Français ont laissé une promenade. Un feuillage que le vent emporte et un peu d’ombre, est-ce donc tout ce qui reste des conquêtes ? Non, c’est là une phrase ; toutes les fois que le peuple conquérant est le plus civilisé, il féconde le sol conquis, et même, lorsqu’il l’a perdu, il laisse un germe que l’avenir développera. On peut annoncer hardiment cet avenir à l’Égypte.

La petite pièce est toujours à côté de la grande, et je serais ingrat de ne pas mentionner un opéra-comique dont la lecture m’a fort réjoui ; il est intitulé Zélie et Valcourt, ou Bonaparte au Caire. Dans cette pièce, composée pour être représentée sur le Théâtre de la République et des Arts, le vaillant Sulkowsky chante avec Aboubokir, pacha du Caire, un duo sur les femmes :

Eh ! pourquoi sous vos lois cruelles
Prétendez-vous les enchaîner ?
C’est à vous d’en recevoir d’elles,
Au lieu d’oser leur en donner (bis).

Bonaparte paraît pour arracher au farouche Aboubokir la belle Zélie et l’unir à Valcourt. De jeunes musulmans crient : Vive la France ! en jurant d’exterminer les Mamelouks, et des almées dansent en l’honneur de la liberté. Voilà ce que l’occupation du Caire inspirait aux vaudevillistes de l’an VIII. A tout poème sa parodie.

Mais nous sommes bien loin de cette tragique histoire du Caire que nous avons traversée et surtout des hiéroglyphes que je n’oublie point. Patience, nous allons retrouver le sérieux de l’histoire avec Méhémet-Ali, et les hiéroglyphes à Héliopolis, où nous retrouverons aussi la France.