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celles du Creuzot, de Blanzy, Decize, Commentry, Doyet et Bezenet, etc., il est traversé en divers sens par de fort belles voies navigables, l’Allier, la Loire, les canaux du Centre, du Nivernais et du Berry, qui y font circuler à bas prix les houilles amenées des bassins de la Loire et de Brassac. Malgré ces avantages, l’usage du combustible minéral n’y est pas très étendu. A part les importantes usines du Creuzot et de Fourchambault et quelques autres moins considérables, la plupart des forges de cette contrée persistent à employer pour le traitement de la fonte et du ferle charbon de bois. Pourquoi cela ? il serait difficile de le dire. Le bois y est, à la vérité, assez abondant et moins cher qu’en Champagne ; les forêts y sont, en outre, généralement situées dans le voisinage des usines. Avec cela, le charbon de bois n’en revient pas moins à plus haut prix que la houille. Pourquoi donc persiste-t-on à s’en servir ? N’est-ce pas uniquement parce que la substitution de la houille au charbon de bois forcerait les maîtres de forges à apporter dans leurs procédés et dans leurs appareils des changemens qu’il leur répugne de faire ? Grace au privilège dont ils jouissent sur le marché français, ils se trouvent bien de l’état présent des choses ; à quoi bon s’enquérir du mieux ? Avec leurs procédés vieillis, ils ne laissent pas de réaliser de fort beaux bénéfices ; pourquoi se donneraient-ils la peine de les changer ? L’industriel ne s’ingénie d’ordinaire, il ne se met en frais de changemens et d’améliorations que lorsque l’aiguillon de la concurrence le presse, et ici cet aiguillon n’existe pas. Il y a même dans le monde industriel une sorte de sagesse proverbiale qui dit que, lorsqu’on est satisfait de son état présent, on doit se garder de le changer, fût-ce pour aspirer au mieux. Cette sagesse, les maîtres de forges du centre la pratiquent, autant peut-être par paresse que par raison. Ils dorment, ces heureux producteurs, sur l’oreiller de la protection, et la France paie les frais de leur sommeil. Quel que soit, au reste, le motif qui les détermine à s’en tenir à l’usage du charbon de bois, constatons seulement qu’il ne tient qu’à eux d’employer la houille, à des conditions généralement aussi favorables que partout ailleurs.

A d’autres égards, tout ce groupe n’est pas moins bien partagé que le précédent. Les gîtes de minerai y sont d’une grande richesse, situés à proximité des usines, et consistent en minières où l’extraction est très facile. Qu’on s’y serve de la houille ou du charbon de bois, ou bien. comme on le fait dans plusieurs usines, d’un mélange des deux combustibles, on y serait peu embarrassé, pour peu qu’on voulût perfectionner ses appareils et sa méthode de travail, de lutter à armes égales avec les producteurs étrangers.

Il en est à peu près de même dans le groupe de l’est, qui s’étend sur les départemens de la Côte-d’Or, du Jura, du Doubs, de la Haute-Saône, en se prolongeant sur les départemens des Vosges et du Haut-Rhin. Les