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serait le septième[1]. Les marines étrangères ne lui fournissent pas le soixantième de son mouvement, tandis que, dans les neuf ports qui le précèdent, leur part est de plus des deux tiers. Il est vrai que ses expéditions ne sont jamais lointaines ; elles s’étendent rarement au-delà de nos côtes de la Méditerranée, et les neuf dixièmes d’entre elles ont pour terme Marseille ou Toulon. Établie au point où les bords du Rhône cessent d’être habités, la marine d’Arles n’a presque pas d’autre mission que de conduire dans ces deux ports les marchandises descendues par le Rhône, et de rapporter des chargemens aux bateaux qui le remontent. 107 navires jaugeant 8,207 tonneaux sont aujourd’hui affectés à cet emploi, et font un service qui n’a d’analogues qu’entre Rome et Civita-Vecehia, qu’entre le Caire et Alexandrie. Le Rhône, en effet, a, comme le Tibre et le Nil, une barre à son embouchure.

Le port d’Arles proprement dit est un des plus beaux du monde. Un fleuve de 10 à 15 mètres de profondeur roule ses eaux majestueuses et paisibles entre des quais qui peuvent se prolonger indéfiniment ; malheureusement la navigation maritime ne peut se marier qu’imparfaitement sous ces quais à la navigation fluviale. Dans ses grandes crues, le Rhône, comme on l’a vu plus haut, jette à la mer, par vingt-quatre heures, 5 millions de mètres cubes et au-delà de matières terreuses. Les limons qu’il entraîne ont formé la Camargue, les plaines adjacentes, et ils allongent tous les jours ses rivages. La tour de Saint-Louis, bâtie en 1737 sur le bord du Rhône à 2,600 mètres de la mer, en est aujourd’hui à 7,200 mètres. Ces changemens extérieurs font juger de ceux qui se cachent sous les eaux. Une faible partie seulement des dépôts du fleuve apparaît à la surface ; la masse s’étend sous la mer, et une large zone de bas-fonds correspond aux terres basses de la Camargue. Lors même que les brouillards qui couvrent habituellement celles-ci sont dissipés, le navigateur les aperçoit difficilement, et il n’est averti du voisinage de cette plage dangereuse que par la sonde. Les sables apportés par le fleuve s’arrêtent naturellement à son embouchure ;

  1. Extrait des documens publiés par l’administration des douanes pour l’année 1844 :
    Tonnages total Tonnage étranger
    Marseille 2,046,842 861,953
    Le Hâvre 1,163,109 426,201
    Bordeaux 737,033 164,449
    Rouen 682,494 125,546
    Nantes 394,673 69,154
    Cette 352,623 65,925
    Boulogne 285,134 170,444
    Dunkerque 214,051 46,884
    Toulon 200,360 25,108
    Arles 198,347 335