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Ce système d’amélioration serait surtout efficace dans la Camargue, ce Delta de la France, si mal à propos négligé.

L’étendue de la Camargue est, d’après le cadastre, de 74,200 hectares, dont 52,120 appartiennent à la commune d’Arles, et 22,080 à celle des Saintes Maries, qui en occupe l’angle sud-ouest. Cette étendue comprend


Hectares
Terres cultivées 12,600
Pâturages et terres vagues 31,300
Marais 10,400
Étangs et bas-fonds salés 19,900

Il existait sur la côte de Toscane, au milieu des maremmes, des alluvions fétides et des étangs salés, semblables en petit à ceux de la Camargue. A l’embouchure de l’Ombrone surtout, les eaux douces de cette rivière et de la Brunna, se mêlant sur leurs dépôts vaseux aux eaux de la mer, formaient un vaste foyer d’infection. Napoléon, ayant résolu d’assainir les maremmes, voulut avec raison commencer l’entreprise par le desséchement des marais de l’Ombrone. M. Fabbroni, que les ingénieurs italiens appelaient il Fabbroni, et qu’il avait chargé, comme maître des requêtes, du service des ponts-et-chaussées dans les départemens au-delà des Alpes, M. Fabbroni cherchait à lui démontrer les avantages de l’atterrissement de tout cet espace par les eaux troubles des deux rivières qui s’y déversent, et comme il se récriait sur la lenteur de l’opération : « L’empereur, reprit M. Fabbroni, permettra de remarquer que le moyen qu’il trouve trop lent est en réalité le plus court, puisqu’il n’y en a point d’autre. » Napoléon s’arrêta, regarda plus attentivement les plans et les nivellemens qu’il avait sous les yeux : « Vous avez raison, » dit-il, et le projet fut adopté. Il ne lui était pas réservé de l’exécuter : cette tâche, étendue aux marais de Scarlino et de Piombino, a été accomplie en neuf années, de 1828 à 1837, par le grand-duc Léopold II, et jamais il ne fut fait de plus heureuse application du proverbe hollandais : Qui fait bien, fait vite. Tous les détails économiques de cette grande opération, avec les plans et les profils des travaux, ont été publiés par le gouvernement grand-ducal[1]. Le système suivi partout avec succès a été de fermer d’abord, au moyen de chaussées et d’écluses, l’accès des marais aux eaux salées, puis d’y introduire des eaux troubles et de les en faire sortir clarifiées : on s’est astreint à élever ces sols artificiels de 1 mètre 16 au-dessus du niveau de la mer ; dans les marais de Castiglione et de l’Ombrone, l’atterrissement a été de 58 centimètres à 2 mètres 34 de hauteur, dans ceux de

  1. Memorie sut bonificamento delle maremmeToscane ; 1 vol. in-8o, et un atlas in-folio. Florence, 1838.