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de la Banque de France, le retour de 40 ou 50 millions aurait offert à peu près les avantages d’une acquisition égale d’espèces. Enfin le service des règlemens de compte, sur une place de commerce telle que Paris, exige une quantité déterminée et presque fixe de billets de banque, si bien que, si l’on en eût retiré 40 à 50 millions, le lendemain le public aurait apporté des écus à la Banque pour avoir des billets. Toute personne qui sera familière avec le mécanisme des banques et de la circulation le reconnaîtra avec nous.

Par la vente d’une partie de ses rentes, la Banque aurait obtenu le même effet que par une émission des bons du trésor. C’était une corde de plus à son arc. La Banque n’a pas le droit de considérer ces rentes comme une dotation immobilière. C’est son capital ; elle est, en conscience, tenue de s’en servir même dans les temps ordinaires, sauf une portion qui serait aux yeux du public une manière de cautionnement. A plus forte raison, dans les circonstances extraordinaires, n’est-elle pas libre d’hésiter.

D’après ce que nous avons dit plus haut, une émission de billets à échéance portant intérêt, qu’on pourrait appeler bons de la Banque par analogie avec les bons du trésor, si la Banque y eût été autorisée, aurait été un autre moyen de remplir l’objet qu’on s’est proposé par la négociation de Londres.

Une autre idée a été émise, c’est que la Banque remît en vente les actions qui ont été rachetées depuis 1807 ; elles sont au nombre de 22,100, et, en supposant qu’on les eût vendues toutes, on en eût pu retirer la somme de 65 à 70 millions. L’opération eût été légitime, et le capital effectif de la Banque, ainsi porté au double à peu près de ce qu’il est maintenant, n’aurait eu rien d’exagéré. La Banque, depuis quelques années, a eu l’heureuse inspiration de multiplier ses comptoirs dans les départemens ; on ne peut que l’exciter à persévérer dans cette voie : c’est ainsi qu’elle tend à justifier son titre de Banque de France en généralisant un taux modique de l’intérêt. Pour une banque de France parfaitement digne de ce nom, ce ne serait pas trop d’un capital de 140 millions.

On a parlé encore de la ressource qu’aurait, la Banque, mais que peut-être ses statuts actuels n’autorisent pas, de négocier à quelques grands capitalistes, avec sa garantie, une partie des effets de commerce qu’elle a en portefeuille. Cette négociation n’eût pu manquer de s’effectuer à de très bonnes conditions ; mais il serait plus simple et plus digne tout à la fois, plus conforme surtout à l’intérêt public, que la Banque usât de son crédit, en émettant des bons ou billets portant intérêt à trois ou à six mois, en coupures rondes. C’est une idée d’avenir pour laquelle le présent est mûr. L’occasion serait bonne pour en faire l’essai. Quant à la hausse du taux de l’escompte, il faut la blâmer sans