Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 17.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ainsi, quand on presse la Banque d’abaisser le taux de son escompte, ce qui l’exposerait à ne recevoir que 3 là où elle prenait 4, quoiqu’elle dût avoir aussi l’espérance fondée de voir la recette de 3 se multiplier plus que celle de 4, elle refuse en disant que, plus tard, on pourrait avoir à le relever et que ces oscillations seraient mauvaises. Comment se fait-il que le danger s’évanouisse, quand il s’agit pour la Banque de toucher non plus 3, mais bien 5 au lieu de 4 ? On maintenait le taux de 4 dans les temps d’abondance pour le conserver aussi, disait-on, dans les momens de pénurie et même d’embarras. La voilà cette pénurie et même cet embarras ; qu’est devenue la promesse faite au public ? Ces contradictions ont été vivement relevées, et, si la Banque n’avait pas une réputation de loyauté aussi bien établie, elles lui auraient déjà porté un grand préjudice.

Pour que la Banque eût été en droit de se porter à cette extrémité malgré le mécontentement et la gêne qu’elle allait répandre, malgré les engagemens répétés de laisser à 4 le taux de l’escompte, dans les temps de pénurie et d’embarras, par la même raison qu’elle persistait à l’y maintenir au milieu de l’abondance, il faudrait qu’elle eût pu alléguer l’excuse d’une nécessité impérieuse, inexorable, qu’elle n’eût trouvé aucune autre porte ouverte pour échapper à quelque calamité. C’est ce qu’il convient de voir ; mais d’abord il est nécessaire de rappeler ici sommairement les notions les plus accréditées sur la mission des banques, sur leur manière de procéder, et sur les règles qu’elles ont à observer.

Les banques sont devenues avec le temps bien autre chose que ce qu’elles étaient à leur début. De même que le banquier fait aujourd’hui une autre figure que le Juif ou le Lombard qui se tenait jadis à la porte des temples, et sur son petit banc de bois changeait contre la monnaie courante les pièces étrangères ou d’un ancien aloi, de même les banques, de leur niveau primitif de simples dépôts où les particuliers mettaient en sûreté leurs espèces et où l’on trouvait à emprunter sur des gages matériels, se sont élevées au rang d’institutions dispensatrices du crédit, arbitres du commerce et de l’industrie des plus grandes nations. Au surplus, une métamorphose pareille s’est produite dans tout ce qui tient a l’industrie. Quelle distance n’y a-t-il pas, par exemple, de ce pauvre forgeur de fer qui allait par monts et par vaux, cherchant des gîtes de minerais qu’il grattait à la surface, et portant