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d’Angleterre que dans ceux de ses actes où elle a eu raison. La banque d’Angleterre a plus d’une fois élevé le taux de l’escompte, et elle a sagement fait en présence de certaines crises. C’est un procédé excellent pour contenir un écart auquel le commerce britannique se laisse aller volontiers, celui de l’excès d’entreprise. Dans ce cas, on conçoit tout de suite qu’en diminuant les facilités de crédit accordées à l’industrie en temps régulier, la banque prévienne des malheurs. C’est pour ce cas-là qu’a été fort à propos imaginé l’expédient de la hausse du taux de l’intérêt. En 1836 et dès 1835, lorsque l’Amérique, prenant pour de la richesse acquise les projets mis en avant par des spéculateurs téméraires, assaillait les manufacturiers anglais de commandes infinies, si la banque d’Angleterre avait augmenté son taux d’escompte afin de modérer l’activité irréfléchie des fabriques britanniques, ou si la banque des États-Unis, par le même moyen, restreignant les crédits qu’elle accordait, avait retenu tout un peuple qu’emportait son imagination, c’eût été parfaitement opportun, et une épouvantable secousse eût été épargnée au monde commercial. Mais qu’y a-t-il de commun entre notre situation actuelle et le déploiement abusif du commerce et des manufactures, l’overtrading pour lequel la hausse de l’escompte est un spécifique ? En ce moment, chez nous faut-il ralentir ou accélérer le travail ? À cette question nous avons répondu, et tout le monde répondra avec nous : Développons le travail afin que par la richesse ainsi créée les individus aient le moyen de supporter le surcroît de dépense qu’occasionne la mauvaise récolte, afin que la société supplée par son labeur productif à ce que les intempéries des saisons lui ont fait perdre. Lorsqu’on élève le taux de l’escompte, lorsqu’on provoque une hausse générale du taux de l’intérêt dans toutes les transactions, on restreint le travail, on produit le résultat qu’il fallait à tout prix conjurer.

La banque d’Angleterre n’est pas une autorité à citer sur ce point par la Banque de France, parce que ces deux grandes institutions font profession publique de procéder fort différemment pour leur taux d’escompte. La banque d’Angleterre paraît considérer le capital comme une marchandise dont l’usage, c’est-à-dire l’intérêt, éprouve d’un moment à l’autre des variations. Certainement, à mesure que les années marchent, le taux de l’intérêt tend à baisser, et il faut s’en féliciter, car c’est ainsi que se féconde de plus en plus l’industrie humaine et que la condition du travailleur s’améliore ; mais cette dépression progressive ne se fait pas sans oscillations. A certains momens, la demande du capital excède l’offre plus qu’à d’autres instans. Le capital ou, comme on dit ordinairement, l’argent, qui était abondant hier, peut être accidentellement plus rare aujourd’hui. Alors on en cote provisoirement l’usage plus cher. La banque d’Angleterre, depuis un certain nombre d’années, s’est mise à tenir compte de ces variations dans l’abondance du