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a suivi une marche ascendante. Évaluées à 213,000 livres sterling en 1834, les quantités exportées montaient en 1838 à 405,000 livres sterling et à 685,000 en 1843. Ce commerce forme le lien entre l’Angleterre et ses établissemens du sud-est de l’Australie. Les Anglais y portent des produits manufacturés en échange de la matière première qu’ils en tirent. La Nouvelle-Galles, si l’on en juge par de premiers et heureux essais, pourra devenir elle-même manufacturière. Des tissus de laine coloniale, teints avec des couleurs du pays, y sont déjà fabriqués sur une assez grande échelle. Des ateliers pour le tissage des draps existent sur les bords de la rivière Hunter. D’autres industries naissent à côté des manufactures proprement dites. Un industriel, nommé Scot, possède, outre de larges salines en plein rapport, et qui ne sont pas les seules de la contrée, une importante fonderie de fer où peuvent être façonnés tous les articles de ce métal, depuis les plus grandes chaudières jusqu’aux pièces les plus délicates des machines à vapeur.

L’industrie manufacturière n’occupe toutefois qu’une part très petite de l’activité coloniale. Ce n’est pas là qu’est le mouvement. Conduire les troupeaux dans les bois, dans les montagnes, dans les solitudes de l’intérieur, voilà la grande et principale occupation. Les travailleurs dont ces établissemens ont besoin, ce sont des hommes qui acceptent l’existence errante et isolée des pâtres. Quand la colonie, privée du travail des convicts, se plaignait naguère de manquer de bras, l’Angleterre abusée lui expédia des bijoutiers, des taillandiers, des orfèvres et d’autres ouvriers qui lui étaient inutiles. Ces nouveaux venus, auxquels répugnait le métier de berger, traînant dans les rues de Sydney leur oisiveté et leur misère, ont été pour le gouverneur une cause d’inquiétude et d’embarras.

La population de la Nouvelle-Galles atteint presque le chiffre de, 200,000 ames. La disproportion entre les deux sexes, dont il a été tant parlé en Europe, est toujours très considérable ; elle diminue cependant chaque jour, et, comme elle provenait surtout de la différence du nombre des femmes déportées relativement à celui des hommes, on peut prévoir un nivellement prochain. En 1836, il n’y avait que 39 femmes contre 100 hommes ; en 1843, il y en avait déjà 60. Sydney, qui compte 30,000 habitans, semble destinée à devenir la métropole intellectuelle aussi bien que la métropole commerciale et politique de l’Océanie centrale. Elle n’est pas encore, à vrai dire, le centre d’un mouvement littéraire qui lui soit propre. Toutefois, par ses recueils, par ses journaux, calqués sur les publications périodiques anglaises, mais contraints de s’inspirer de l’esprit et des préjugés du pays, elle s’habituera peu à peu à penser par elle-même, et un jour l’Australie aura sa littérature.

Il est question déjà, depuis quelque temps, d’établir un service de