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attitude qui explique bien des fautes de l’administration ; curieux spectacle qui présage pour un avenir plus ou moins éloigné une lutte dont l’issue ne trouvera pas l’Europe indifférente.

En face de ces populations remuantes, la politique anglaise a besoin de contenir et de modérer d’une main des élans trop impétueux, et de céder de l’autre à des exigences légitimes. Le développement de l’Australie, en créant des difficultés nouvelles et des devoirs plus complexes, réclame l’attention la plus soutenue et des ménagemens étudiés. Le bill sur les terres vagues discuté à la chambre des communes au mois d’août dernier est un pas dans la voie des sages concessions. Sans répondre entièrement aux vœux des colons, cet acte aura du moins l’avantage de fixer un état de choses jusqu’ici incertain et mobile et d’arracher la propriété au régime de l’arbitraire.

Une mesure infiniment plus grave, qui date de quelques années, a eu pour objet d’instituer, dans la Nouvelle-Galles du sud, une législature coloniale. La première session a été ouverte le 3 août 1843 par le gouverneur sir George Gipps. Le principe de la représentation n’est pas encore complètement appliqué pour la nomination des membres de l’assemblée. Une partie seulement procède de l’élection, une autre du choix du gouvernement. Aussi, dans tous les votes importans, l’assemblée se partage eu deux fractions : d’un côté se rangent les membres électifs, et de l’autre les membres désignés par l’autorité. Cette combinaison, qui porte en elle un germe de discorde, ne tiendra pas long-temps contre les justes réclamations dont elle est l’objet. La franchise électorale aura également besoin d’être remaniée. Un élément très notable, très riche, les squatters, ne concourt point à la nomination des députés. On donne le nom de squatters aux colons qui conduisent leurs troupeaux par-delà les limites des terres appropriées et que le gouvernement a récemment soumis à une redevance légère. Moins affectés que les commerçans par les crises des dernières années, ils n’ont presque pas cessé de prospérer et de s’enrichir. Ils viennent de fonder une association pastorale pour peser sur la législature et défendre leurs intérêts. Ces vigoureux pionniers frappent à la porte de l’enceinte législative des coups si violens, qu’il faudra bien finir par les admettre.

La Nouvelle-Galles du sud est, comme on sait, le siège principal de la puissance britannique dans l’Australie. La richesse du pays tient surtout à ses pâturages. Des brebis transportées des bergeries de Windsor y ont si merveilleusement réussi, que l’Espagne même a été dépassée dans la quantité de laines fournie à l’industrie anglaise. On estime le nombre des brebis à plus de 5 millions ; la colonie possède en outre 62,000 chevaux et plus d’un million de bêtes à cornes. Il y a vingt-cinq ans, on n’y comptait encore que 350,000 moutons, 5,000 chevaux et 120,000 bêtes à cornes. D’année en année, l’exportation des laines