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du 25 janvier n’imite pas lord Palmerston ; il ne reprend pas tous les détails de la question, il s’attache aux points saillans. Lord Palmerston ne cesse de prétendre qu’il a suivi la même politique que lord Aberdeen. M. le ministre des affaires étrangères montre ce dernier blâmant, le 28 mai, M. Bulwer d’avoir approuvé la démarche du gouvernement espagnol au sujet de l’alliance avec un prince de Cobourg, et deux mois après lord Palmerston mettait cette candidature au premier rang. Pour ce qui concerne l’infant don Enrique, lord Aberdeen, le 22 juin, hasardait son nom timidement ; le 22 août, lord Palmerston appuyait cette candidature de la manière la plus positive. A entendre ce dernier, M. Guizot aurait implicitement reconnu que les enfans de M. le duc de Montpensier devaient être exclus du trône d’Espagne. C’est précisément le contraire qu’a soutenu le ministre français, et il fait remarquer à cette occasion qu’on ne peut renoncer pour ses descendans à des droits qu’on ne possède pas soi-même. Enfin lord Palmerston ne se justifie pas des insinuations inconvenantes dirigées contre le roi des Français, en citant quelques passages où M. Guizot a parlé lui-même du chef de la dynastie de 1830. Il a oublié que la personne royale ne doit jamais être nommée pour être attaquée ; il est singulier que ce soit un ministre anglais qui ait méconnu le principe que le roi ne peut mal faire.

C’est que lord Palmerston a pris, dans ses communications diplomatiques, la fâcheuse habitude de porter sur la politique, sur les actes des gouvernemens étrangers, des jugemens dont ils ont vraiment raison de se trouver blessés. Il y a quelques semaines, le gouvernement grec, chambres et ministère, protestait contre l’appréciation injurieuse qu’il avait faite de la situation des affaires dans le royaume d’Othon. Dans la dépêche du 19 juillet, où il mettait en première ligne la candidature du prince de Cobourg, le ministre whig ne dressait-il pas contre le gouvernement espagnol une sorte d’acte d’accusation ? En effet, il lui attribuait un système de violence et d’arbitraire qui, selon lui, pouvait excuser jusqu’à un certain point les excès des partis. « Lorsque les ministres de la couronne, — nous citons les paroles textuelles de lord Palmerston, — foulent aux pieds les lois qui garantissent la sûreté du peuple, on ne saurait s’étonner que le peuple cesse enfin de respecter les lois qui garantissent la sûreté de la couronne. » Telles sont sur l’Espagne les opinions du gouvernement britannique, et lord Palmerston invite M. Bulwer à les faire connaître. Cependant il affirme qu’il est entièrement éloigné de tout ce qui pourrait ressembler à une intervention. Qui espère-t-il persuader par ce langage ? Fait-il autre chose, quand il est au pouvoir, que de mettre la main, d’intervenir partout où éclatent des troubles, des symptômes d’anarchie ? Ces troubles, ces symptômes, il les croit favorables à l’extension de l’influence de, l’Angleterre, à ses invasions commerciales ; il pense qu’en se mêlant de tout, on finit toujours par gagner quelque chose. Telle est la politique de lord Palmerston ; qu’il ne cherche pas à s’en défendre, et qu’il accepte au moins la responsabilité de ses opinions et de ses actes.

En face de lord Palmerston, le gouvernement français n’a pas suivi la même politique qu’en face de lord Aberdeen ; M. Guizot n’a pas eu avec lord Normanby le même abandon qu’avec lord Cowley. Ce n’était pas là un manque de procédés, mais l’accomplissement du plus strict devoir. Au mois de juillet, le gouvernement français voyait tout conspirer pour la réussite de la combinaison qui