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LA DERNIÈRE GUERRE MARITIME.

partit de la côte suédoise. On n’apercevait même sur le rivage aucune apparence de batterie. La flotte anglaise inclina doncc sa route vers ce côté du détroit et évita ainsi complétement le feu du château de Kronenbourg, auquel elle cessa bientôt de répondre. Les boulets lancés par cette forteresse tombaient à plus de 200 mètres des vaisseaux anglais, qui, serrant impunément la côte de Suède, vinrent mouiller à midi près de l’île de Hueen, à 15 milles au-dessus de Copenhague. La division du capitaine Murray, après avoir lancé de très loin un grand nombre de bombes sur la ville d’Elseneur et le château de Kronenbourg, appareilla à son tour ; elle franchit le détroit à la suite de la flotte et hors de la portée du canon ennemi. Les Anglais n’eurent à regretter dans cette journée que la perte de quelques matelots atteints par les éclats d’une pièce de 24 qui creva à bord de l’Isis. Du côté des Danois, 2 hommes furent tués et 15 assez dangereusement blessés par les bombes qu’avait lancées la flottille ; mais le canon de Kronenbourg avertissait Copenhague de se préparer à de nouveaux sacrifices.


III.

Dès que la flotte eut jeté l’ancre, l’amiral Parker s’embarqua avec lord Nelson et le contre-amiral Graves sur un de ses plus légers avisos, et se dirigea vers la ville afin d’en apprécier par lui-même les moyens de défense. Cette reconnaissance lui apprit que les rapports de M. Vansittart n’étaient en rien exagérés, et, le soir même, un conseil de guerre s’assembla à bord du London. Il était difficile de concevoir un plan d’attaque qui n’exposât point aux plus grands dangers les bâtimens chargés de l’exécuter. Nelson mit un terme à toutes les hésitations en déclarant qu’il était prêt à tenter l’entreprise avec dix vaisseaux. L’amiral Parker, qui montra dans toute cette campagne la plus noble abnégation personnelle, ne craignit point d’accepter l’offre de son lieutenant, et, de son propre mouvement, il ajouta 2 vaisseaux de 50 canons à l’escadre que Nelson avait demandée. L’impossibilité d’attaquer Copenhague par le nord de la Passe Royale étant suffisamment démontrée, il fut convenu que Nelson, avec ses 12 vaisseaux, 5 frégates et toute la flottille, composée de bombardes, de canonnières et de brûlots, descendrait la Grande Passe jusqu’à la hauteur de l’île d’Amack, et attendrait dans cette position que les vents, en soufflant du sud, lui permissent de remonter dans la Passe Royale. L’amiral Parker devait de son côté, avec les 8 vaisseaux qu’il conservait sous ses ordres, venir mouiller au nord de cette passe, afin de prendre à revers la batterie des Trois-Couronnes,