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rusticité aux travaux de terrassement et à l’aménagement des eaux, le général a pu ramener les frais de la première année à un chiffre dont la modicité est un sujet d’étonnement.

Le moyen de recruter la population coloniale n’est pas moins simple. La fondation d’un certain nombre de villages ayant été résolue par le gouvernement, on ferait appel en Algérie et en France aux personnes disposées à s’établir dans les limites indiquées. La description des lieux avec un plan à l’appui et un cahier des charges serait déposée à Paris, au ministère de la guerre, à Alger, à Oran, et enfin dans toutes les préfectures françaises. Ainsi tout citoyen, sans être rebuté par les lenteurs et les caprices des bureaux, pourrait voir par lui-même et d’un coup d’œil si les chances offertes lui conviennent. Les communes seraient concédées par grands domaines ou par petits lots. En vertu du cahier des charges, le concessionnaire devrait s’engager : 1° à installer dans le délai de trois, quatre ou cinq ans, un nombre de familles ouvrières proportionné à l’étendue et à l’importance du domaine obtenu : le tiers au moins de ces colons devrait être installé dans le courant de la seconde année ; 2° à introduire dans les contrats avec les ouvriers colons une clause en vertu de laquelle ceux-ci deviendraient propriétaires d’au moins quatre hectares de terres propres au labour ou au jardinage, après l’accomplissement des obligations contractées envers leurs maîtres ; 3° à procéder au peuplement d’une commune d’après les règles prescrites par la prudence et l’hygiène, c’est-à-dire de grouper les maisons dans l’intérieur des enceintes, en respectant les lots destinés aux ouvriers établis ou à établir ; 4° à réserver un cinquième de la surface obtenue, qui deviendrait propriété communale dès que le village serait constitué. Le concessionnaire resterait libre de débattre avec ces familles qu’il aurait appelées les conditions de travail auxquelles il leur procurerait le logement dans l’enceinte du village, et, sans doute aussi, la nourriture et l’entretien. Quant aux simples ouvriers qui, dès leur arrivée, seraient en mesure de se construire à eux-mêmes leurs habitations, l’autorité locale leur concéderait directement et gratuitement des lots pris dans les terrains réservés à cet effet.

L’état, de son côté, contracterait diverses obligations au profit des nouveaux habitans de la colonie. Il s’engagerait : 1° à renouveler pendant deux ans les crédits spécifiés plus haut pour compléter les premiers travaux d’installation, c’est-à-dire l’ébauche des communications et le service indispensable des eaux ; ces travaux pourraient être faits directement par l’état ou confiés aux concessionnaires qui voudraient occuper leurs ouvriers pendant la morte-saison ; 2° à exécuter plus tard les constructions ordinaires d’utilité générale, telles que mairies, églises, écoles, etc., et même à se charger des travaux exceptionnels qui intéresseraient vivement une localité ; 3° à payer une prime, dont la quotité