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ETUDES


SUR


LE ROMAN ANGLAIS.




III.

LE DERNIER ROMAN DE BULWER.

LUCRETIA, OR THE CHILDREN OF THE NIGHT, by the author of Rienzi, etc. – London, 1847, 3 vol.




Les littératures ont leurs grands barons et leurs fiefs héréditaires. Quand un homme disparaît, après avoir conquis par son génie une place à part dans l’estime de ses contemporains, il est rare que, parmi les écrivains secondaires dont il a excité l’émulation et formé le talent, quelqu’un ne vienne pas revendiquer, avec plus ou moins de succès, le trône resté vacant. Ce successeur trouve la route frayée ; il fait appel à des habitudes prises ; il répond, comme on le dit vulgairement, à un besoin d’admiration contracté par un nombre immense de lecteurs frivoles. Cette circonstance est pour une bonne moitié dans le facile succès qu’il obtient, succès dangereux cependant ; car, enivré trop souvent par la vogue aveugle dont il est l’objet, le populaire écrivain n’hésite