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du Foudroyant, vaisseau de 80, qui portait alors son pavillon, sir William et lady Hamilton, et se dirigea enfin avec 18 vaisseaux sur la baie de Naples.

Les : patriotes avaient mis ces délais à profit dans la nuit du 18 au 19 juin, ils avaient surpris les Calabrois campés sur le quai de la Chiaia avaient encloué une batterie de canons, fait sauter les caissons, et regagné leurs postes après avoir répandu la terreur dans le camp ennemi. Quand cette nouvelle arriva à Palerme, elle y produisit un profond découragement. « Hâtez-vous de paraître devant Naples, écrivit à l’instant même le ministre Acton à Nelson. Depuis que les républicains ont appris que la flotte française est à la mer, ils font de continuelles sorties contre nos troupes, et je vous avouerai que je crois le cardinal dans une position peu agréable. Le cardinal partageait probablement l’avis d’Acton sur sa situation, car, dès le lendemain de cette première sortie, il faisait prier le capitaine Foote de suspendre les hostilités, et offrait aux républicains des conditions que ces derniers hésitèrent long-temps à accepter. Le 2 juin, cependant, une capitulation fut signée par les commandans des troupes auxiliaires, au nom de la Russie et de la Porte ottomane, par le cardinal Ruffo et le chevalier de Micheroux au nom du roi de Naples ; par le commandant du fort Sanit-Elme et le chevalier Massa au nom de la France et de la république parthénopéenne. Le capitaine du Seahorse apposa sa signature au bas de cette capitulation. Les conditions accordées aux républicains étaient favorables ; mais l’énergie désespérée dont ils venaient de faire preuve et la présence de 2 vaisseaux français dans la Méditerranée ne permettaient pas à leurs ennemis de se montrer plus exigeans. Tous les individus composant la garnison du Château-Neuf et celle du fort de l’OEuf devaient en sortir avec les honneurs de la guerre, tambours battant et enseignes déployées, pour s’embarquer sur des bâtimens qui, munis d’un sauf-conduit, les transporteraient directement à Toulon. Jusqu’au jour où l’on apprendrait à Naples la nouvelle certaine de leur arrivée en France, l’archevêque de Salerne, le chevalier de Micheroux, le comte Dillon et l’évêque d’Avellino seraient retenus comme otages dans le fort Saint-Elme. Les personnes et les biens des républicains seraient respectés et garantis. Ceux d’entre eux qui ne voudraient point émigrer auraient la faculté de demeurer à Naples, sans qu’on pût les inquiéter pour leur conduite passée, eux ou leurs familles. Ces conditions étaient rendues communes non-seulement à toutes les personnes des deux sexes enfermées dans les deux forts admis à capituler, mais aussi à tous les prisonniers faits sur les troupes républicaines depuis l’ouverture des hostilités. C’est à ce prix que le roi rentrait en pleine possession de ses états. Le comte de Ruvo, maître des forts de Civitella et de Pescara dans les Abruzzes, consentait à les céder au cardinal aux mêmes conditions que les châteaux de Naples.