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LES


DEUX JUMEAUX,


POEME INEDIT DE JASMIN.[1]




Il y a de nos jours un instinct généreux, élevé, qui pousse les meilleurs esprits à s’attacher au passé avec vénération, à rechercher dans la poussière des siècles tout ce qui a pu avoir un instant de vie, une heure d’éclat. Retour pieux dont l’histoire littéraire profite autant que l’histoire politique ? Les causes vaincues plaisent surtout au génie moderne comme elles plaisaient à la magnanimité de Caton. On aime à remonter le cours des âges pour y découvrir les élémens obscurs qui sont venus se confondre dans nos états nouveaux ; les coutumes provinciales, à mesure qu’elles s’effacent, semblent reprendre un intérêt plus charmant ; les poésies qui peignent ces existences locales, portent le reflet de ces mœurs évanouies ou menacées d’une prochaine destruction, sont avidement, recueillies ; les langues, autrefois florissantes et qui tendent à disparaître, ont l’attrait pour la science curieuse de toutes les variations de l’esprit humain. Dans cet ordre d’études, les travaux de M. Raynouard et de M. Fauriel sur l’époque romane peuvent être mis au premier rang. Or, il s’est trouvé que cette laborieuse et féconde reconstruction d’une littérature de bonne heure arrêtée dans

  1. Les Deux Jumeaux seront publiés à la librairie de Comon, quai Malaquais, où se trouvent tous les ouvrages de Jasmin.