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enseignement ne portera aucune atteinte à l’enseignement officiel, que les études soient renforcées, que des examens probatoires et gratuits aient lieu à la fin de chaque année, et que tous les élèves soient astreints à un service actif dans les hôpitaux ; enfin, sur la proposition de M. Requin, l’assemblée a demandé la création de dispensaires ruraux, et pour les malades pauvres de la campagne, dont il est impossible de traiter les maladies à domicile, l’établissement d’hospices entretenus aux frais des départemens.


On le voit, par tout ce qui précède, l’activité qui s’est manifestée depuis quinze ans dans la province est loin d’être stérile. Les hommes honorables qui vivent loin de Paris comprennent enfin que leur mission n’est point de lutter contre la capitale, mais de s’associer à ses efforts, de l’éclairer sur une foule de questions sociales et scientifiques et, comme le disait M Jouffroy à l’académie de Besançon, dégager, dans la recherche générale de la vérité les recherches qui touchent spécialement la province ou dont la province seule a les élémens ; de se résigner à n’être sur tout le reste qu’un intermédiaire utile ; de se consacrer exclusivement à ces études, d’en organiser le plan, d’en tracer la méthode, et de réunir en elles tous les rayons qui peuvent les éclairer. M. Jouffroy ajoutait avec raison que, malgré les bonnes intentions dont les académies sont animées, un grand nombre n’ont rien produit, que leur existence n’est souvent qu’un long sommeil imparfaitement interrompu une ou deux fois chaque année par quelque séance publique, et il donnait pour cause à la stérilité de ces académies qu’elles ne savent point faire leur part et s’y borner. Elles languissent, disait-il encore, tantôt par excès de modestie, tantôt par excès d’ambition, souvent par l’un et par l’autre à la fois ; elles devraient être assez modestes pour renoncer à ce qui ne peut se faire qu’à Paris, et assez justes envers elles-mêmes pour se réserver avec autorité et exécuter avec confiance ce qui ne peut se faire qu’en province. Elles osent trop dans ce qu’elles ne peuvent pas, et n’osent pas assez dans ce qu’elles peuvent. Quoi qu’il en soit, le progrès est sensible ; d’immenses matériaux ont été réunis sur tous les points du royaume, et, si des mains habiles s’occupaient de mettre en œuvre les documens dispersés dans les mémoires des sociétés savantes, il en résulterait sans aucun doute un travail d’ensemble dont on est loin de soupçonner l’importance. Qu’on fouille en effet dans ces mémoires dont la plupart sont ignorés des hommes spéciaux eux-mêmes, on y trouvera pour la géographie ancienne, pour la géographie féodale et administrative, des index exacts et détaillés qu’on chercherait vainement ailleurs ; pour l’archéologie monumentale, des statistiques souvent trop complètes ; pour le droit municipal et féodal, des pièces originales d’une incontestable valeur ; pour les événemens qui intéressent l’histoire générale, des rectifications qu’on ne peut faire que sur les lieux mêmes où ces événemens se sont accomplis. Le dépouillement, nous le pensons, ne serait pas moins profitable aux sciences naturelles et agricoles, à l’économie politique, à la morale sociale.

Ce n’est pas tout cependant que d’avoir publié des livres : les sociétés ont fondé des musées, des bibliothèques, des cours publics, des expositions pour les arts et l’industrie, des concours littéraires et agricoles, des fermes-modèles, des jardins botaniques. Elles, ont donné aux paysans des prix de bonne conduite, aux