publications agricoles faites depuis quinze ans par les sociétés savantes, les associations provinciales, les congres, il résulterait sans aucun doute de ce travail des renseignemens qu’on ne soupçonne guère, et qui justifieraient ce reproche que les étrangers nous ont adressé souvent ; à savoir que la France s’ignore elle-même. On est surtout frappé des difficultés qu’on rencontre quand il s’agit de faire passer la théorie à la pratique : Ces améliorations, chacun les désire ; le gouvernement est d’accord avec les administrés, et quand vient le moment d’appliquer, tout se brise contre une résistance, ou plutôt contre une force d’inertie, pour ainsi dire, insaisissable. Nous ne rappellerons à l’appui de cette remarque qu’un fait, mais ce fait est concluant ; nous voulons parler de l’instruction agricole dans les campagnes. On peut comparer, en effet, les vœux émis à ce sujet par les assemblées provinciales de 1788 et les vœux de nos congrès. L’expression de ces vœux est formulée dans des termes à peu près identiques ; les mesures indiquées sont les mêmes ; le gouvernement de la vieille monarchie, comme le gouvernement de la révolution de juillet, est favorablement disposé ; il ne demande qu’à créer, à encourager, et cependant, à cinquante huit ans de distance, la question des applications pratiques est restée à peu près au même point. On aurait tort du reste de désespérer ; il suffit que l’agriculture ait compté ses forces pour qu’elle arrive, d’une manière fatale en quelque sorte, à l’apogée de son développement. En France, en effet, ces forces sont immenses ; l’agriculture occupe à elle seule plus de 25 millions d’habitans. Elle s’étend sur une superficie de 434,000 kilomètres carres, représentant 53 millions d’hectares estimés aujourd’hui à 50 milliards, sans compter un capital d’exploitation de 12 milliards qui pourrait très promptement être doublé. Ses produits annuels sont estimés 7 milliards, et l’impôt foncier qu’elle paie s’élève à 400 millions de francs. Ces chiffres, qui parlent plus haut que les phrases, n’ont pas besoin d’être commentés. Il y a là pour l’état d’inépuisables ressources, pour les travailleurs une mine toujours productive, pour les propriétaires une caisse d’épargne où le capital grossit sans cesse, pour le pauvre du pain et du bien-être. Félicitons donc sincèrement les hommes honorables de la province qui ont tourné de ce côté leurs lumières et leurs efforts. Nous ne saurions mieux faire que de rappeler ces paroles que leur adressait l’un des plus dévoués d’entre eux, M. de Caumont, à l’ouverture du premier congrès de l’association bretonne : « C’est à vous qu’il appartient de féconder tous les germes que le pays renferme et qui n’atendent qu’une bonne impulsion pour se développer et se produire. En tirant les cultivateurs de l’isolement où beaucoup d’entre eux vivent encore, en les mettant en rapport par des réunions générales, telles que vos congrès, vous aurez fait un pas immense, et ne craignez pas surtout de demeurer en-deçà du but que vous vous proposez, car vous irez plus loin que vous ne l’avez espéré. »
Comme les agriculteurs et les archéologues, les médecins ont aussi leurs états- généraux, et en 1845 deux mille docteurs, pharmaciens et vétérinaires se sont assemblés à Paris. Cette réunion, qui a occupé la presse et qui a été signalée par quelques incidens orageux, a eu surtout pour but les intérêts des médecins et les intérêts de la science. L’assemblée de Paris, entre autres propositions, a exprimé le vœu que tout membre appartenant légalement au corps médical ait le droit d’enseigner les sciences médico-chirurgicales sous la réserve que cet