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En France, le congrès scientifique, importé par M. de Caumont en 1833[1] embrasse par ses diverses sections l’ensemble des connaissances humaines, sciences naturelles, physiques et mathématiques, agriculture et industrie, histoire et archéologie, littérature et beaux-arts. Chaque année, on dresse un programme pour chacune des sections. Les questions posées dans ce programme sont soumises à une discussion générale dont les résultats se trouvent consignés dans les comptes-rendus Le congres émet en outre pour l’agriculture, pour l’économie politique des vœux qui se distinguent souvent par une grande rectitude pratique La littérature et la poésie n’occupent dans les publications du congrès qu’une place très secondaire, l’archéologie, l’histoire, y sont beaucoup mieux traitées, mais ces deux sciences tombent parfois dans l’étude des infiniment petits. Poussé jusqu’a la passion, l’amour des ruines et des débris peut paraître un symptôme de décrépitude, et en parcourant ces interminables discussions sur des statues mutilées, sur des chapiteaux vermoulus, on se demande, lorsque tant de problèmes élevés appellent la réflexion, lorsque tant de misères physiques et morales demandent du soulagement, si ce n’est pas une manie regrettable que de consacrer sa pensée a des choses d’un si mince intérêt, et si l’homme a été mis dans ce monde pour disserter sur le ciment romain et la manière d’emmancher les haches celtiques. Fort heureusement pour l’honneur du congrès, à côté de l’archéologie, on s’y occupe de l’agriculture, de l’industrie, de la morale publique, et ses vœux, qui arrivent, comme ceux des conseils-généraux, à l’autorité supérieure, rappellent souvent les cahiers des états dans l’assemblée de 1788.

Il est à regretter que les membres des congrès scientifiques aient cru devoir entremêler les sessions de divertissemens qu’on réserve d’ordinaire pour les soirées d’apparat des jardins publics. Le concert et le bal au profit des pauvres sont de rigueur, nous le savons, dans toutes les assemblées officielles ; mais il nous semble que les illuminations en verres de couleur et même les ballons ornés de feux d’artifice tricolores n’ont rien à démêler avec la science. Amuser par ces puérilités la curiosité provinciale, n’est-ce pas donner raison à ce critique anglais

  1. Voici, avec l’indication des villes où ces assemblées se sont réunies, le chiffre approximatif des membres qui y ont pris part, et l’indication des volumes qui ont été publiés :
    Nombre de membres Volumes
    1833 Caen 220 1 vol. in-8o
    1834 Poitiers 240 1 fort vol. in-8o avec planches
    1835 Douai 180
    1836 Blois 219 1 vol. in-8o avec figures
    1837 Metz 225 1 vol. in-8o avec planches
    1838 Clermont 237 1 fort vol. in-8o
    1839 Le Mans 400 2 vol. in-8o
    1840 Besançon 300 1 vol. in-8o
    1841 Lyon 900 2 vol. in-8o
    1842 Strabourg 1100 2 forts vol. in-8o
    1843 Angers 300 2 vol. in-8o
    1844 Nîmes 200 1 vol. in-8o
    1845 Reims 500 1 fort vol. in-8o
    1846 Marseilles 500