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quelque sorte matériels qui arrêtent son essor. La plupart des hommes qui se vouent loin de Paris aux travaux de la pensée ne peuvent donner à l’étude que des momens dérobés à des fonctions publiques, à l’activité de la vie industrielle. Les livres, les collections manquent, et ce qui manque surtout, c’est le contact, la causerie avec les hommes spéciaux, ressource immense dont tant de gens profitent avec une habileté si grande dans la vie parisienne. Ajoutons, à l’honneur de la province, que la littérature n’y est pas un métier, mais une distraction sérieuse : les écrivains y sont, sinon plus modestes, du moins plus désintéressés que dans la capitale ; on s’y préoccupe davantage des choses vraiment utiles, on y est mieux en garde contre les exagérations de toute nature qui dans Paris, jettent souvent hors de la bonne voie tant d’esprits doués d’heureuses qualités natives.

Sous tous les rapports, le progrès est sensible depuis quinze ans, et l’association scientifique et littéraire s’est développée dans les départemens comme dans la capitale. Le nombre des académies ; des sociétés de toute espèce, augmente chaque jour dans une proportion notable[1], et, à côté des académies, se sont placés dans ces dernières années les associations provinciales, les congrès régionnaires, les congrès généraux. Parmi les sociétés, les unes sont tout-à-fait

  1. L’Annuaire des sociétés savantes, où l’on regrette de ne trouver aucun renseignement sur les associations provinciales et les congrès, donne pour les départemens une liste de 135 sociétés, c’est-à-dire 87 de plus qu’en 1788 ; mais ce chiffre est loin d’être exact, comme on en jugera par le tableau suivant :
    Ain, 3 sociétés ; — Aisne, 3 ; — Allier, 3 ; — Alpes (Hautes-), 1 ; — Arriège, 1 ; — Aude, 1, plus une commission des arts et des sciences à Carcassonne et une commission archéologique à Narbonne ; — Aveyron, 1 ; — Bouches-du-Rhône, 11 ; -Calvados, 13 ; — Cantal, 1, plus une commission des monumens. historiques ; — Charente, 2 ; — Charente-Inférieure, 5 ; — Cher ; 2 - Corse, 1 ; — Côte-d’Or, 3 ; — Côtes-du-Nord, 1 ; — Creuse, 1 ; — Dordogne, 1 ; -Doubs, 3 ; — Drôme, 1 ; -.Eure, 3, plus une commission d’antiquités ; — Finistère, 2 ; — Gard, 2, plus une commission des monumens antiques et des archives départementales ; — Garonne (Haute-), 4 ; — Gironde, 4, plus une commission des monumens historiques ; — Hérault, 4 ; — Ille-et-Vilaine, 2 ; — Indre-et-Loire, 3 ; - Isère, 4, plus une société pour l’instruction élémentaire ; — Jura, 1 ; — Landes, 1 ; -Loir-et-Cher, 1 ; — Loire, 2 ; — Loire (Haute-), 1 ; — Loire-Inférieure, 1 ; . — Loiret, 1 ; — Lot, 1 ; — Lot-et-Garonne, 1 ; — Lozère, 1 ; — Maine-et-Loire, 2 ; — Manche, 3 ; -Marne, 2 - Marne (Haute-), 1 ; — Meurthe, 2, plus une commission des antiquités ; — Meuse, 1 ; — Morbihan, 2 ; — Moselle, 3 ; — Nièvre, une commission des antiquités ; -Nord, 15, dont une académie de peinture et de sculpture ; — Oise, 1, plus trois sections de la société des antiquaires de Picardie, à Beauvais, à Noyon et à Compiègne ; — Pas-de-Calais ; 4 ; — Puy-de-Dôme, 1, plus deux commissions d’archéologie ; — Pyrénées (Basses-), 1, — Pyrénées (Orientales), 1 ; Rhin (Bas-), 2 ; — Rhin (Haut-), 2 ; — Rhône, 9 ; — Saône-et-Loire ; 3 ; — Saône (Haute-), 1 ; — Sarthe, 3 ; — Seine-et-Marne, 1 ; — Seine-et-Oise, 4 ; — Seine-Inférieure, 5, plus une commission des antiquités du département ; — Sèvres (Deux-), 3 ; . — Somme, 4 ; — Tarn, 1 ; — Tarn-et-Garonne, 2, plus une commission archéologique ; Var, 2 ; Vaucluse, : 3, plus une commission archéologique ; — Vienne, 4 ; — Vienne (Haute-), 1 ; — Vosges, 1 ; — Yonne, 1.
    Voilà donc pour les 86 départemens 189 sociétés savantes, plus 12 commissions archéologiques. Qu’on ajoute à ce total déjà si élevé une cinquantaine de sociétés d’agriculture, qui ne sont pas portées sur cette liste, et 664 comices agricoles, et l’on comprendra facilement, par les chiffres seuls, l’importance des associations qui nous occupent.