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DE L'ASSOCIATION


LITTERAIRE ET SCIENTIFIQUE


EN FRANCE.




II.[1]
LES SOCIETES SAVANTES ET LITTERAIRES DE LA PROVINCE.




I.

Des différences profondes et une sorte d’hostilité même séparent, en matière de science et de littérature, la province et la capitale. Aux yeux des écrivains et des savans qui ont acquis par un long séjour le droit de bourgeoisie parisienne, tout ce qui se fait en dehors du département de la Seine est à peu près considéré comme non avenu. Quel libraire oserait éditer à ses risques et périls un livre écrit à Carpentras, à Mulhouse, fût-ce même à Strasbourg et à Bordeaux ? A combien de démarches et de sollicitations l’auteur ne devrait-il pas s’astreindre, s’il voulait obtenir dans les journaux en crédit quelques lignes d’éloge ou même de critique sévère ! Est-ce à dire pour cela que la province soit déshéritée ? Nous sommes loin de le penser, et, en admettant même qu’elle soit condamnée pour long-temps encore à une notable infériorité intellectuelle vis-à-vis de la capitale il faut tenir compte des efforts, des intentions, et surtout des obstacles en

  1. Voyez la livraison du 1er  septembre.