Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/779

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actif ; non-seulement il éleva dans Jérusalem, reprise sur les Jébuséens qui la possédaient encore, le siège de l’unité nationale et religieuse, mais il recula les frontières de son royaume par de considérables empiétemens sur la Syrie et l’Idumée. C’est Salomon qui devait bâtir le temple, en appelant dans Jérusalem toute l’opulence et aussi toute la mollesse de l’Asie. Il eut un vaste sérail. Cependant la plupart des tribus trouvèrent insupportable un pouvoir qui n’avait plus l’austère uniformité de la loi, mais tous les caprices d’un despotisme voluptueux. Dix d’entre elles se séparèrent de la capitale et formèrent le royaume d’Israël : le royaume de Juda se composa de Jérusalem et de la tribu de Benjamin. Ainsi se brisait l’unité politique, préparée par le génie de Moise, constituée enfin par David, et qui trouva son apogée dans les premières années du règne de Salomon, jusqu’au jour où celui-ci éleva des temples aux idoles et aux dieux, des femmes étrangères qui avaient gagné et corrompu son cœur. Dans les tribus soumises aux rois d’Israël, et même dans le royaume de Juda, le culte de Jéhovah eut à subir la coupable concurrence d’autres divinités. Des guerres intestines entre ces héritiers fratricide de David mirent le comble à l’anarchie, à la faiblesse des Hébreux, qui tombèrent à la fin entre les mains redoutables de quelques grands dominateurs de l’OrIent, et qui furent emmenés à Babylone comme un troupeau d’esclaves. Lorsque Alexandre entreprit de venger l’Occident des injurieuses invasions de l’Asie, les traditions les plus accréditées veulent qu’il se dirigea vers Jérusalem, après avoir fait tomber les murailles de Tyr. Il se rendit au temple, et, quand il y eut offert les sacrifices indiqués par le grand-prêtre, ce dernier lui montra le livre de Daniel, dans lequel il était écrit qu’un Grec renverserait l’empire des Perses. Alexandre lut cette prophétie avec une joie profonde, mais sans trop de surprise, il trouvait naturel que la Providence se fût occupée de lui avant qu’il parût sur la terre. Après la mort du vainqueur de Darius, la Judée passe sous la domination des rois de Syrie ; elle entre en collision d’abord avec l’esprit grec, puis avec la puissance romaine. Ce fut la politique des Séleucides de répandre dans toutes les parties de leur empire la civilisation grecque ; ils espéraient ainsi acquérir la force morale qui leur manquait. Ils résolurent un moment de détruire la religion les Juifs. Un des Antiochus consacra le temple de Jéhovah à Jupiter olympien, des fêtes furent instituées en l’honneur de Bacchus ; et les Juifs durent sacrifier à des divinités qu’ils abhorraient. Ce sont là de ces entreprises criminelles qui doublent toujours les forces d’un peuple insulté, poursuivi dans ce que ses mœurs ont de plus intime et son droit de plus sacré. Le patriotisme des Juifs se signala par d’héroïques résistances dont la race des Maccabées eut tout l’honneur. La Puissance romaine avançait toujours comme un irrésistible flot. Pompée