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L’HACIENDA DE LA NORIA.




I.

LE DOMPTEUR DE CHEVAUX,

SCÈNES DE LA VIE DES BOIS EN AMÉRIQUE.[1]




Bacuache n’était point le but unique de mon excursion dans les solitudes septentrionales du Mexique : je voulais pousser jusqu’à la limite du désert, c’est-à-dire jusqu’au préside de Tubac. Mon guide Anastasio, que je consultai sur ce nouveau voyage, m’engagea vivement à revenir sur mes pas. L’honnête et fidèle garçon avait promis à son maître de me ramener sain et sauf ; il ne voulait pas manquer à son serment. Je réussis pourtant à vaincre sa résistance. Vingt lieues environ séparent Bacuache de Tubac. Bien qu’Anastasio n’eût pas un jour à perdre pour aller dénoncer à Arispe la mine d’or trouvée par son frère, il voulut faire avec moi une partie de la route et me conduire à une distance assez rapprochée du préside pour que je pusse le gagner sans danger. De mon côté, je promis, une fois seul, de suivre scrupuleusement l’itinéraire tracé par mon guide et de ne point m’écarter des chemins battus, ou du moins des vestiges de sentiers qui portent ce nom au Mexique. En conséquence je renonçai à ma visite à l’hacienda de la Noria, qui m’eût imposé un long et périlleux détour. Tous ces points arrêtés, nous convînmes de partir avant le jour, pour arriver le surlendemain de bonne heure à l’endroit où Anastasio pourrait me quitter et reprendre la route d’Arispe.

  1. Voyez la livraison du 15 août dernier.