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(Haut.) O mon fils, pardonne-moi de t’avoir donné la vie… Nous allons nous séparer, qui sait pour combien de temps !

GEORGE.

Mon père, tiens-moi, ne m’abandonne pas. Je te conduirai avec moi.

LE COMTE.

Nos chemins sont différens. Toi, tu vas m’oublier parmi les anges et leurs chœurs éternels. De là-haut ne me jetteras-tu pas une goutte de la céleste rosée, ô George, George, mon fils !

GEORGE.

Quels sont ces cris ? Je tremble. Ils sont affreux maintenant ils se rapprochent : c’est le bruit des canons et de la fusillade. La dernière heure, l’heure prédite s’approche de nous.

LE COMTE.

Courez, Jacob, courez.

(Les comtes et les princes rassemblés pêle-mêle traversent la cour. — Jacob les suit avec des soldats.)

UNE VOIX.

Vous nous donnez des fusils brisés, et vous nous ordonnez de nous battre,

UNE AUTRE VOIX.

Comte Henri, ayez pitié !

UNE TROISIÈME VOIX.

Vous nous chassez vers les murailles ; que voulez-vous que nous fassions, faibles, affamés comme nous sommes ?

D’AUTRES VOIX.

Mon Dieu, mon Dieu, où nous pousse-t-on ?

LE COMTE, d’une voix forte.

A la mort ! (À son fils George.) Par ce baiser, je voudrais m’unir à toi pour l’éternité ; mais moi, il faut que j’aille ailleurs. (George tombe frappé d’une balle.)

UNE VOIX DANS L’AIR.

A moi, à moi l’esprit pur, à moi mon fils !

LE COMTE.

Holà ! à moi mes hommes d’armes ! (Il tire son sabre et l’approche des lèvres de George.) La lame est restée brillante, nul souffle ne la ternit ; ensemble la respiration et la vie s’en sont allées.

Maintenant par ici, en avant ! Ils sont à la longueur de mon sabre. Allons, roule dans le précipice, fils de la liberté ! (Mêlée, désordre, la bataille se continue.)

Une autre partie des remparts. — On entend les cris du combat. — Jacob étendu sur la muraille. — Le Comte arrive couvert de sang.


LE COMTE.

Qu’as-tu, mon fidèle, mon vieux serviteur ?

JACOB.

Que, pour ton entêtement et les souffrances que tu m’as fait endurer, le diable te grille dans son enfer ! Et maintenant que Dieu me soit en aide ! (Il expire.)